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Sexualité : laissons parler nos singularités
Publié le 30 août 2011 à 15:30
Par Sophie Bramly
La rentrée annonce, comme à chaque saison, le renouveau des « must do » et des « must have » de la presse féminine, ainsi que la désignation, confirmation, infirmation de qui seront les « it girls ». A suivre ces tendances à la lettre, finirons-nous toutes par nous coiffer pareil, porter les mêmes vêtements, avoir les mêmes pratiques sexuelles ? N’y a-t-il pas un risque de faire fuir nos hommes à se conformer à l’extrême ? L’avis de notre experte Sophie Bramly.
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Les tendances distillées dans les magasines féminins nous livrent des codes, des clés, qui nous permettent de nous sentir à l'aise au sein d'un groupe, et cela fait partie de notre instinct grégaire qui nous incite à adopter un même comportement, et qui est à la base de toutes nos sociétés.
Mais poussant trop loin l'instinct, on risque de croiser Panurge, célèbre personnage de François Rabelais, qui précipita un mouton dans la mer afin que l'intégralité du troupeau de son ennemi suive, jusqu'à l'ennemi lui-même, accroché au dernier mouton.
Poussant l'exemple jusqu'à la caricature extrême, imaginons un instant que nous suivions l'ensemble des recommandations qui nous sont faites : habillées toutes ensemble d'une même sélection de « it » vêtements, coiffées toutes ensemble de la coiffure du moment, French manucurées dans les mêmes couleurs « flashy », retouchées par les mêmes chirurgiens pour une poitrine homogénéisée à 95C, pratiquant toutes de la même façon l'art de la fellation ou ayant toutes un goût identique pour la levrette, il est vraisemblable que les hommes, qui ont par nature du mal à résister à la tentation, passeront avec allégresse de l'une à l'autre comme un gourmand devant un panier de fraises, ou que la monotonie d'un même plat sans cesse re-servi l'encourage à revoir sa sexualité autrement, c'est à dire sans nous.
Et comment leur en vouloir ?
Nous-mêmes, du plus loin que je puisse me souvenir, faisons confidences ici et là de toutes ces petites singularités qui ne cessent de nous émouvoir chez les hommes. Ongles rongés, rides et pattes d'oies exquises, chemise élimée, caresses maladroites, il n'est rien chez la femme amoureuse qui soit autre qu'enthousiasme, attendrissement et besoin impérieux à l'endroit où, précisément, les imperfections de l'homme le rendent singulier, différent, autre et par conséquent terriblement désirable.
Ne pourrait-on pas aller chercher la parité ici aussi ?
Est-il absurde de laisser tomber toute obligation de se conformer « à ce point-là » aux injonctions de la saison pour afficher nos différences, notre singularité et cela jusqu'au lit ?
Ainsi, nous serions nous, en étant sûre de ne pas être une autre, soit impossible à confondre, distincte dans la foule et désirée pour nos particularismes. D'un point de vue pratique, nous serions aussi allégées du temps perdu à courir d'un magasin à un chirurgien dans la course effrénée de la séduction pour se laisser tomber dans un fauteuil, admirer ce que les autres ont à nous dévoiler, puis décider à notre guise de l'appétit que nous avons pour eux, envies de caresses, jeux de langues, pénétrations, et jouissances souhaitées (ou pas), pour passer ainsi du rôle passif de désirée à celui, actif, de désirante.
Voilà ce qui s'appellerait une rentrée active.

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