La Journée internationale de l'élimination des violences faites aux femmes, c'est ce vendredi 25 novembre 2016. Et alors qu'une femme sur trois dans le monde est toujours victime de violence physique ou sexuelle, le bureau pakistanais de l'ONU Femmes a souhaité éveiller les consciences avec un nouveau clip de sensibilisation extrêmement puissant. L'idée ? Plutôt que de dépeindre les femmes comme des victimes, démontrer qu'elles peuvent être fortes et courageuses. Intitulée #BeatMe (Bats-moi, ndlr), la campagne détourne ingénieusement ces deux mots, qui se chargent de défi dans leurs bouches. Si elles doivent être battues, ce ne sera pas par des coups mais avec des idées.
Tourné en noir et blanc, le clip met en scène des personnalités féminines pakistanaises influentes qui ont réussi malgré la pression de la société patriarcale dans laquelle elles évoluent. "Bats-moi avec tes pieds", défie Naseem Hameed, championne d'athlétisme surnommée femme la plus rapide de l'Asie du Sud. "Bats-moi avec ta voix, n'importe quel mot", ajoutent avec défi la chanteuse Meesha Shafi et la journaliste Sana Bucha, "Bats-moi au sommet de la montagne", lance avec provocation Samina Baig, seule Pakistanaise à avoir gravi le Mont Everest. Puis arrive un challenge fort, presque définitif lorsqu'une femme enceinte prononce ces simples mots : "Bats-moi à la vie". La vidéo se conclut finalement par un message très clair : "Parce que je n'attends qu'une chose. Te montrer que je suis imbattable".
Avec cette vidéo, l'ONU Femmes espère bien toucher le plus de monde possible. Car si dans cette république islamique d'Asie on trouve des femmes entrepreneures, avocates, sportives de haut niveau, si 33% des sièges du Parlement national leur sont réservés, la majorité de la population féminine est néanmoins toujours enfermée dans des traditions ancestrales. Au Pakistan, les femmes sont déscolarisées tôt, oppressées, violées, mariées avant leur majorité, victimes de violences conjugales. Surtout, le pays est le champion des crimes d'honneur. D'après les Nations Unies, environ 5 000 femmes seraient victimes de crimes d'honneur chaque année. Preuve qu'il y a encore un long chemin à parcourir, en mai dernier, le Conseil de l'Idéologie Islamique (CII) avait même tenté de faire passer une loi autorisant les hommes à battre légèrement leurs épouses.
Plus qu'une simple piqûre de rappel, la campagne #BeatMe est nécessaire car elle démontre aux hommes, mais aussi aux Pakistanaises, que les femmes peuvent être fortes et qu'il est possible d'envisager un avenir loin des carcans imposés par la société patriarcale. Un message qui finalement, dépasse les frontières du pays. Jamshed Kazi, représentant de l'ONU Femmes au Pakistan, le dit très bien : "Cette campagne fait comprendre de manière forte et émouvante et à travers un message universel que les violences verbales et physiques à l'encontre des femmes au Pakistan et ailleurs sont inacceptables. Si les hommes maltraitent les femmes – en les battant, en les brûlant ou en les brûlant – sans aucune conséquence, cela réduit à néant tous les efforts pour bâtir un monde plus sûr où filles et femmes peuvent s'épanouir. Dans tous les pays, il y a des femmes résilientes, pleines de ressources, talentueuses et courageuses. Cette campagne célèbre leurs forces et leurs réussites. Elle célèbre le fait qu'elles sont imbattables, et reconnaît l'égalité hommes-femmes comme moteur de nos sociétés".
Une vidéo à partager en masse en cette Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.