Lucie est renfrognée. Elle se cache derrière ses longs cheveux bruns qui lui rongent le visage, elle voudrait disparaître. Car Lucie a été malade, très malade. Et elle doit maintenant réapprendre à vivre. Pas facile lorsqu'on été attaquée par un ennemi intérieur. De plus belle, c'est l'histoire de cette fille qui a survécu à un cancer et qui va tenter de se relever quitte à trébucher, guidée par de belles personnes croisées en route. Et parce que les papillons dans le ventre, ça change de ce foutu crabe qui ronge la chair. Dans un rôle à contre-emploi, Florence Foresti insuffle son énergie à cette petite bonne femme fragile, titillée par un homme qui s'immisce en douceur dans les failles de sa carapace (Matthieu Kassovitz) ou par cette bonne fée professeure de danse qui va mettre des plumes et des paillettes sur son corps meurtri (Nicole Garcia, magnifique).
Nous avons rencontré la réalisatrice Anne-Gaëlle Daval, ancienne costumière de la série Kaamelott, qui a réussi le pari (presque insensé) de traiter de ce sujet sensible avec légèreté et humour.
Anne-Gaëlle Daval : En fait, je ne trouvais pas de boulot ! J'ai bossé dix ans sur la série Kaamelott, mais après, je ne trouvais pas de travail intéressant. Et du coup, je me suis dit : "Tu n'as qu'à écrire ton film. Comme ça, au moins, tu feras le boulot qui te plaît".
A-G D. : A la base, je voulais faire un film avec des costumes de cabaret, avec de la paillette et des plumes. Et c'est en travaillant sur le scénario, en partant de cette thématique du cabaret, j'en suis arrivée à l'idée du strip-tease, du corps. Je me suis demandé quel était mon rapport à la féminité. Les choses se sont montées comme ça. Tout le monde me dit que c'est un sujet casse-gueule, mais je ne trouve ça.
Oui. Il se trouve que le cancer a des conséquences sur soi et sur son entourage, mais le vrai sujet, c'est comment s'en sortir. Je n'ai pas rencontré de survivantes du cancer, je raconte comment moi, j'imagine la façon dont j'aurais réagi en ayant eu un cancer.
A-G D. : Oui, c'est clairement moi. Elle parle comme moi, elle bouge comme moi. En la voyant et en l'écoutant, je m'y retrouve complètement, ce sont mes mots.
A-G D. : Je cherchais une actrice d'une quarantaine d'années qui savait danser et il n'y a que Florence qui danse. Je ne me suis pas dit : "Ah mince, c'est une humoriste, on ne la prend pas". En fait, je n'ai jamais pensé à ça.
A-G D. : Quand on est sur un tournage, on a beaucoup de choses à faire. En étant réalisatrice, j'avais très peu de temps pour déconner, du coup, quand je les voyais, c'était pour travailler. Les deux sont des bosseurs donc c'était facile.
A-G D. : Grave ! Ça a dépassé tout le monde ! Il y a eu une complicité, une affection mutuelle immédiate, c'était rigolo à voir.
A-G D. : Non, c'est un personnage complètement inventé.
A-G D. : Oui, elle a été malade. Je pense que c'est une femme qui a tout dépassé et est aujourd'hui en paix avec tout ça.
A-G D. : Techniquement, on a des outils à notre disposition, comme le maquillage. Il faut savoir s'en servir, il faut savoir qu'on peut s'en servir et que c'est fort utile pour se sentir bien, je trouve... Il faut être consciente de ce qu'on provoque chez les autres. Beaucoup de femmes n'en ont pas conscience, ce qui est assez joli d'ailleurs. Il faut connaître ses atouts.
A-G D. : Je ne suis pas dans la revendication. Je conseille juste de se regarder toute nue devant la glace, c'est un premier pas. Et ce n'est pas simple ! Si tout le monde faisait ça- et moi, je ne le fais jamais- et se disait : " C'est le corps qu'on m'a donné, je ne le changerai pas et je vais même m'amuser avec cette donne", ça serait déjà pas mal. Je suis contre les mouvements, contre les manifestations groupées. L'acceptation doit se faire dans l'intimité, dans sa tête et dans son coeur. Je pense que si les femmes sont intelligentes et drôles. Toutes, c'est dans nos gênes !
A-G D. : Oui, un groupe de copines cassées. Il y a une bienveillance naturelle entre les femmes.
A-G D. : Ce n'était pas le propos du film et choquer pour choquer, ça ne m'a jamais intéressé. Ce n'est pas ma façon de communiquer. Je déteste la revendication et la provocation. Et finalement, c'est assez novateur comme langue !
A-G D. : Ça a été dur, elles n'ont pas arrêté de changer d'avis : OK, puis non, puis OK mais de dos... Et j'avoue que je n'étais pas hyper à l'aise moi non plus. Finalement, j'ai tranché pour la culotte et topless mais de dos. Et c'est moi qui ne suis pas allée jusqu'au bout. Je n'ai pas osé. Je crois que ça aurait été bien qu'elles montrent leurs seins, mais le jour du tournage, j'ai capitulé.
A-G D. : Les mères toxiques, ce sont des femmes qui ne vont pas bien. J'ai beaucoup d'affection pour elles. J'en suis une aussi. On n'est pas toxique par choix. Il faut les aimer aussi.
A-G D. : J'ai des envies, mais il faut du temps. Ecrire quelque chose après ce film-là, c'est compliqué. Il a été tellement évident à écrire, je l'ai écrit d'une traite. Il va falloir que je me trouve une nouvelle bataille !
De plus belle
un film de Anne-Gaëlle Daval avec Florence Foresti, Mathieu Kassovitz, Nicole Garcia...
Sortie le 8 mars 2017