Notre monde ne tourne décidément plus très rond. Beyoncé et Emma Watson se revendiquent féministes, les femmes veulent l'égalité salariale, et elles sont de plus en plus nombreuses à se dresser devant toutes les inégalités hommes-femmes qui bouffent notre société. Et à en croire le magazine en ligne indien Maggcom, ces satanés bonnes femmes sont en plus largement privilégiées ! Elles peuvent entrer gratuitement dans certains clubs, on leur offre des verres, elles ont la chance de porter des talons si elles sont petites, et si elles sont moches (oui, oui), elles peuvent camoufler leurs traits grossiers sous une bonne couche de maquillage. Non, vous ne rêvez pas, vous venez juste d'entrer dans le monde insensé du mancriminate, un mouvement lancé par Maggcom donc, et qui se rapproche du menimism. En clair, le site de lifestyle souhaite faire comprendre au monde entier que les "hommes sont les victimes d'une société qui tend à oublier les luttes des mâles". Le hashtag #DontMancriminate a été mis en place et plusieurs affiches toutes plus désolantes les unes que les autres sont visibles un peu partout sur le site.
Disons-le tout de suite, le site indien est allé loin, extrêmement loin. D'abord, Maggcom a mis en scène plusieurs acteurs célèbres sur ses affiches sans demander aucune autorisation à personne. Jude Law, qui avait déclaré en 2013 que les femmes n'étaient pas bien traitées à Hollywood, se retrouve ainsi au coeur de la campagne. La star britannique apparaît bâillonnée et porteuse du message : "Même les produits de consommation discriminent les hommes. Les hommes petits ne peuvent pas porter de chaussures à talons, les hommes laids ne peuvent pas porter de maquillage, les hommes stupides ne sont pas blonds". Elijah Wood, qui avait affirmé à GQ être féministe, se retrouve avec un message tout aussi loufoque : "Je n'ai pas droit à des verres gratuits, je ne rentre gratuitement nulle part, je ne reçois aucune sympathie".
Plus grave, Maggcom n'a pas conscience que certains messages semblent valoriser les violences sexuelles et conjugales. On peut ainsi lire : "Si nous voulons faire l'amour, pourquoi cela doit être selon tes termes ?", "Quand tu me mets une gifle, c'est parce que j'avais tort. Si je te mets une gifle, j'ai forcément des problèmes pour gérer ma colère", ou encore "Les hommes sont discriminés, alors que les femmes ont des bus, des trains, des queues rien que pour elles". Des conclusions très mal venues, voire effrayantes, lorsqu'on sait que les fameux bus et trains réservés à la population indienne féminine ont été mis en place pour enrayer l'épidémie d'agressions sexuelles qui ronge le pays. Rappelons qu'en Inde, une femme est violée toutes les 22 minutes.
Sur le site de Maggcom, un journaliste explique avec beaucoup de sérieux cette démarche : "Avec #DontMancriminate, nous voulons parler du sexe oublié, des hommes qui doivent toujours se comporter comme des gentlemen. Les femmes veulent être placées sur le même piédestal que les hommes, mais simultanément, elles attendent d'eux de la chevalerie. Il est grand temps que nous réalisions que les hommes n'ont pas à se montrer tout le temps héroïques, et qu'ils souffrent aussi d'une sorte de harcèlement. Les inégalités entre les sexes causent autant de soucis aux hommes qu'aux femmes. Ce message est pour tous les hommes qui sont les victimes d'une société qui tend à oublier les luttes des mâles".
Ok, mec ! Une fois de plus, si cette histoire n'était pas aussi désolante, ce serait le bon moment pour commencer à se marrer. Car à aucun moment #DontMancriminate ne s'intéresse vraiment à la place des hommes dans la société. Tout ce qui est mis en avant, ce sont les soi-disant avantages perçus par les femmes, comme le maquillage pour camoufler ses défauts et une place assise dans le métro. Puis sans trop s'avancer, on peut penser que les femmes seraient prêtes à sacrifier leurs entrées gratuites dans les clubs contre l'égalité salariale, ou encore la disparition du harcèlement de rue et la culture du viol. On dit ça, on dit rien hein.
Quoi qu'il en soit, cette campagne a largement été moquée sur Twitter et Facebook. Abasourdis, certains Twittos ont même cru à une satire, c'est dire le niveau du truc...