Elle a quitté les rickshaws, ces véhicules tricycle utilisés pour le transport de personnes ou de marchandises, pour les bus et c'est tout sauf anecdotique. Venkadarath Saritha est, depuis lundi 20 avril, la première femme à conduire un bus de la Delhi Transport Corporation (DTC), la régie des transports locale. Il s'agit d'une véritable révolution dans la ville du nord de l'Inde où les violences faites aux femmes, dont les agressions sexuelles, sont un véritable fléau, notamment dans les transports en commun.
Symbole de ces crimes récurrents dans le pays : le viol et le meurtre de l'étudiante de 23 ans, Jyoti Singh, dans un bus de la compagnie fin 2012, alors qu'elle se rendait au cinéma. La mort de la jeune femme avait provoqué une vague d'indignation mondiale et d'immenses manifestations à Delhi et dans l'ensemble du pays.
"Je veux donner un message aux femmes", a expliqué la conductrice de bus de 30 ans, titulaire du permis poids lourd depuis 2011, à l'issue de son premier service à la chaîne d'info indienne V6 News. "Je veux qu'elles sachent que ce travail est désormais destinée aux femmes. A présent, les femmes peuvent voyager en sécurité à Delhi", conclut la jeune femme choisie parmi huit candidates pour ce poste à forte valeur symbolique.
"L'ouverture de ce poste a été décidée sous l'impulsion du gouvernement indien qui cherche à renforcer la présence des femmes dans de nombreux emplois (notamment in tiers des postes de la police à Delhi, ndlr) (...) afin de favoriser la lutte contre le fléau des violences envers les femmes dans la capitale", indique le Huffington Post .
La police de Delhi a enregistré, l'an passé, 2.069 affaires de viols dans la ville, soit près de 6 viols par jour, contre 1.571 sur les douze mois de 2013. Une hausse de 31,6% qui ne signifie pas, selon les forces de l'ordre, que la ville soit plus dangereuse pour les femmes qu'auparavant mais que les victimes dénoncent plus volontiers les violences. Une libération de la parole que l'exécutif veut encore accentuer via cette politique de féminisation massive des effectifs de police.