L'Inde n'a donc pas tiré les leçons du drame de "La fille de l'Inde", cette étudiante en kinésithérapie, battue puis violée par plusieurs hommes dans un bus de New Delhi, le 16 décembre 2012. Âgée de 23 ans, elle était décédée deux semaines plus tard des suites de ses blessures. Et alors que ce crime atroce avait profondément choqué, le pays déclenchant plusieurs jours de manifestation, un nouveau viol collectif s'est récemment produit. Le 13 mars dernier, une septuagénaire, religieuse, a en effet été agressée puis violé par six hommes, dans le couvent dans lequel elle vivait, aux environs Ranaghat dans l'est de l'Inde. Ce sont les forces de l'ordre locales qui ont révélé cette information à l'AFP.
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L'agression s'est déroulée en marge d'un cambriolage, les hommes ayant pénétré dans une école attenante au couvent par effraction. "Les images de télésurveillance ont montré que les six hommes, âgés de 20 à 30 ans, ont escaladé le mur d'enceinte aux alentours de 23h40, sont entrés dans l'école et ont coupé les fils du téléphone. Au moins deux d'entre eux étaient armés et les autres étaient munis d'outils de cambrioleurs", a détaillé Arnab Ghosh, un haut responsable des services de police. Les individus ont par ailleurs pris soin de bâillonner un agent de sécurité avant de s'en prendre à la religieuse. Ils sont ensuite entrés dans une chambre et y ont dérobés de l'argent liquide, un ordinateur et un téléphone portable.
Sans surprise, cet acte révélateur de l'absence totale d'avancée en matière de sécurité pour des Indiennes quotidiennement exposées à la violence sexuelle, a suscité une vive émotion dans le pays. De nombreux Indiens – des étudiants, leurs parents et professeurs – sont spontanément descendus dans les rues pour manifester leur colère, bloquant pendant plusieurs heures la route principale à proximité du couvent et exigeant une réaction rapide des autorités.
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Par ailleurs, tout au long du week-end, des prières ont été dites dans les églises de l'État du Bengale Ouest mais aussi à New Delhi afin de souhaiter un prompt rétablissement à la victime, actuellement hospitalisée dans un état grave à Ranaghat. "Nous avons prié pour que la religieuse se remette rapidement du traumatisme, de sa peur, de ses blessures physiques", a ainsi réagi l'archevêque de Calcutta, dénonçant un "crime odieux". Même son de cloche du côté du Père Saroj Biswas, qui a annoncé, sur la chaîne locale NDTV, qu'une veillée aux chandelles et un rassemblement de solidarité seraient organisés ce lundi. "Nous sommes choqués qu'une telle chose puisse se produire dans notre État. Nous voulons que les coupables soient arrêtés et rapidement traduits en justice", a-t-il insisté.
Pour l'heure, quatre des six agresseurs auraient été identifiés grâce aux images de télésurveillance, cinq suspects seraient par ailleurs en garde à vue et une récompense de 100 000 roupies, soit 1 500 euros, a été offerte à quiconque sera en mesure de fournir des renseignements sur les hommes recherchés.
À noter que ce énième viol en réunion en Inde intervient alors que les autorités avaient interdit, la semaine dernière – et à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes –, la diffusion du documentaire controversé sur le viol de "La Fille de l'Inde", prétextant le maintien de l'ordre public.