






Elle s'estime être "la grande oubliée" du procès des viols de Mazan.
Invitée dans la matinale de France Inter le mardi 4 mars, Caroline Darian, la fille de Gisèle Pelicot, est venue présenter son livre "Pour que l’on se souvienne", publié aux éditions JC Lattès et dont sortie est prévue le 5 mars. L'occasion pour elle de revenir sur sa souffrance de ne pas avoir été reconnue comme victime au cours du procès de son père, Dominique Pelicot.
Sur le même sujet : "Il a tout perdu, il n'y a plus d'épouse, plus d'enfants" : l'avocate de Dominique Pelicot s'exprime sur les conséquences du procès des viols de Mazan et crée la polémique
Pour rappel, le 19 décembre dernier, Dominique Pelicot a été condamné à 20 ans de réclusion sur viols aggravés sur sa femme Gisèle. A la suite du procès qui aura duré quatre mois, il est reconnu coupable de l'avoir droguée, violée et fait violer par au moins 51 autres hommes, tous reconnus coupables par la cour.
Sur le même sujet : Père de famille, 47 ans, récidiviste... voilà le profil type des accusés du procès des viols de Mazan
Lors de l'audience, des photos de Caroline Darian, inconsciente et en sous-vêtements avaient été diffusées. Elles faisaient partie des images retrouvées dans les dossiers de son père. Toutefois, celle qui a créé l'association “#MendorsPas : Stop à la soumission chimique” n'a pas été reconnue comme victime par le tribunal.
Deux mois et demi après la condamnation de son père, Caroline Darian prend la parole à ce sujet : "Sans les aveux de Dominique Pelicot, je resterai avec ce doute absolu", regrette-t-elle.
Dans son livre, Caroline Darian dit avoir particulièrement souffert du silence de sa mère à ce sujet. Elle se souvient avoir ressenti "un abandon terrible", alors qu'elle tentait de parler de sa situation à Gisèle Pelicot. Elle déplore aujourd'hui le manque de soutien reçu par cette dernière.
Un positionnement difficile à digérer, mais dont elle a compris les ressorts :
Mon cas n'est pas isolé. Dans les familles où il y a le crime d'inceste, c'est systémique. Ma mère n'a pas la capacité psychologique et émotionnelle de le reconnaître, ce n'est pas qu'elle ne veut pas, c'est qu'elle ne peut pas. On ne peut pas s'aider mutuellement, elle doit se reconstruire et moi je dois avancer avec ce drame absolu qu'est le silence et le doute qui subsiste, même si je sais.
Caroline Darian garde pour autant un regard bienveillant sur sa mère Gisèle, à qui elle dit ne pas en vouloir : "Pour ma maman, ça reste compliqué de regarder Dominique Pelicot sous un autre prisme. Moi, je suis dans une quête de vérité très importante. On n’est pas à la même place. Elle était la femme, moi je suis la fille", poursuit-elle avant de conclure : "Elle fait ce qu'elle peut."