Beatrice Zavarro a été surnommée "l'avocate du diable". Et pour cause, elle a été la figure de la défense de Dominique Pelicot, l'homme mis en cause dans le procès des viols de Mazan.
Comme nous vous le disions dans cet article, l'époux de Gisèle Pelicot a été condamné le 19 décembre à 20 ans de réclusion criminelle pour avoir violé, sédaté puis livré son épouse à d’autres hommes pendant une décennie, pour un total de quasi 200 viols qui ont été filmés.
Si l'affaire était de taille, Beatrice Zavarro le disait dans cet article, elle n'a pas hésité une seule seconde avant d'accepter de défendre Dominique Pelicot. Plus d'un mois après la condamnation de son client, l'avocate s'est confié au journal La Provence sur les difficultés rencontrées lors de ce procès, ses liens avec l'accusé et les conséquences que cette affaire a eu sur la vie de ce dernier.
Dans une vidéo publiée sur Tiktok le 27 janvier, l'avocate déclare : "Au delà des faits, il a tout perdu monsieur Pelicot. Il n'y a plus d'épouse, il n'y a plus d'enfants". Pour rappel, Caroline Darian et David Pelicot, deux des trois enfants des ex époux Pelicot, accusent également leur père de violences sexuelles. Caroline Darian est convaincue d’avoir elle aussi été droguée et violée par ce dernier.
Beatrice Zavarro souligne qu'un petit-enfant de la famille Pelicot est né pendant l'instruction. "Je ne sais pas s'il le rencontrera un jour donc c'est très compliqué", dit-elle au sujet de Dominique Pelicot.
Dans le déferlement médiatique qu'a été l'affaire des viols de Mazan, l'avocate raconte avoir été très unie à son client dans le soutien mutuel qu'ils se sont apporté. "Mon seul coéquipier c'était monsieur Pelicot (...) Je savais que ce serait lui et moi contre le monde entier", confie-t-elle. Face à eux, Gisèle Pelicot et ses enfants donc, mais aussi les féministes souvent présentes au tribunal pour soutenir la victime.
Lors du procès, de nombreuses femmes se sont relayées au Palais du justice d'Avignon, Certaines invectivaient les accusés, d'autres interpelaient Gièsle Pelicot pour la féliciter et la soutenir. Beatrice Zavarro raconte qu'un jour, certaines d'entre elles l'ont prise à partie, déclarant qu'elle devrait avoir honte d'incarner la défense de Dominique Pelicot. Un avis qui n'était pas partagé par toutes. "J'ai vu que le positionnement de certaines féministes n'était pas partagé par tout le monde", explique l'avocate après avoir reçu le soutien d'autres militantes.
Malgré la compassion qu'elle exprime pour son client, Beatrice Zavarro reconnaît quand même le mérite de sa victime, notamment dans le choix de refuser le huit clos. "On va lui rendre hommage à madame Pelicot, en rendant le débat public elle a un peu influer d'autres femmes qui se sont dit "elle l'a fait donc je vais le faire car ce n'est pas à moi d'avoir honte mais à celui qui est mis en cause"", déclare-t-elle.
"Très fatiguée parce que ça a été un marathon, une épreuve", l'avocate exprime toutefois sa son sentiment de "satisfaction" face au "défi qui a été relevé".
Face aux propos de l'avocate, les internautes sont divisés. Certains reconnaissent le "courage" de Beatrice Zavarro. "Autant d'autres avocats dans cette affaire ont été "imbuvables", autant, elle, qui avait sûrement le plus mauvais rôle à assurer une défense humble et avec élégance", déclare par exemple l'un d'eux.
D'autre s'agacent et ne comprennent pas la compassion dont elle fait preuve envers son client. "Monsieur Pelicot n'a rien perdu, il a fait le choix d'être un criminel donc ses pertes sont de sa faute", peut-on lire en commentaire de la vidéo. "Je n'ai aucune empathie !", déclare tout bonnement un autre.
S'il semble difficile de s'apitoyer sur le sort de Dominique Pelicot, on se réjouit toutefois des conséquences de ce procès sur le débat qu'il a ouvert dans notre société et sur ce message de Gisèle Pelicot : "que la honte change de camps !"