Dans l'affaire Pélicot, c'est l'heure des comptes. Le 25 novembre, on vous le disait dans cet article, le procureur de la République et son adjointe ont débuté la présentation de leur réquisitoire contre les 51 accusés du "procès des viols de Mazan". Concernant Dominique Pelicot, vingt ans de réclusion criminelle ont été requis le même jour. Et pendant que les peines pleuvent, d'autres règlent leurs comptes d'une autre manière.
Au cours des 11 semaines du procès concernant la soumission chimique et les viols subis par Gisèle Pélicot à cause de son mari et de ses complices, certains avocats ont marqué les esprits. On se souviendra notamment de Maître Stéphane Babonneau, l'avocat de Gisèle Pelicot, pour sa plaidoirie historique livrée le 21 novembre. On vous en parlait dans cet article. On se souviendra aussi de Maître Nadia El Bouroumi, avocate de deux accusés, mais pour des raisons beaucoup moins glorieuses.
Durant le procès des viols de Mazan, Nadia El Bouroumi s'est faite connaitre pour deux choses. D'abord, ses invectives à l'encontre de Gisèle Pélicot, qu'elle a notamment critiquée pour avoir refusé que le procès se déroule à huit clos. La retraitée de 71 ans avait expliqué qu'en permettant au procès d'être publique, elle souhaitait que "la honte change de camps". Mais l'avocate des accusés n'était pas de cette avis. "Il y a eu un débat sur la présentation publique de ces photos, avait-elle déclaré à la victime. Je suis une femme, je suis gênée ! On ne voulait pas que ce soit diffusé devant tout le monde. Vous êtes en colère, mais vous êtes aussi responsable de cette diffusion !"
Ensuite, Nadia El Bouroumi s'est faite connaître pour ses nombreuses prises de paroles publiques au sujet de l'affaire. L'une des ses publications, en story de son compte Instagram, avait particulièrement choqué. On voyait l'avocate danser dans sa voiture sur la musique de Wake me up before you go-go ("Réveille-moi avant de partir" en anglais) du groupe Wham!. Très fin quand on sait que Gisèle Pélicot a été violée dans son sommeil...
En réaction à cette story scandaleuse, il semblerait que l'avocate ait reçu des propos haineux. C'est en tout cas ce qu'elle a raconté sur la chaîne de Sam Zirah, un youtubeur à qui elle a accepté de donner une interview mise en ligne le 25 novembre. D'ailleurs, selon l'avocate, il "fait partie des rares". Pourquoi ? "Parce que j'aime le hors norme", répond-elle. On ne saurait pas vous expliquer le rapport, mais passons.
Comme le montrent les extraits de l'interview publiés sur le compte tiktok du youtubeur, Nadia El Bouroumi est venu se défendre. "J'ai une histoire de vie qui est très particulière, dit-elle, se plaignant d'avoir été "réduite à cette vidéo" que l'on vous décrivait plus haut. "J'ai eu des insultes extrêmement violentes disant que je cautionnais le viol, qu'il faudrait que mes enfants soient violés pour que je comprenne ce que c'est, sans me connaître", ajoute-t-elle. Des insultes et des propos bien entendu inacceptables, quelle que soit la personne à laquelle ils sont adressés.
L'avocate s'est ensuite étendue sur ses difficultés à exercer son métier en raison de son identité. "C'est très difficile dans un métier qui ne m'accepte pas, explique-t-elle. Je suis une femme maghrébine, arabe, de confession musulmane, qui a un moment donné assume ce qu'elle est et je suis attaquée de part et d'autre aussi bien par ceux de ma communauté qui considèrent que je ne suis pas assez musulmane, aussi bien par ceux de ma profession qui considèrent que je n'ai pas ma place parce que je n'ai pas les codes."
Dans un autre extrait, Nadia El Bouroumi revient sur les circonstances des viols subis par Gisèle Pélicot et affirme : "ça existe d'être attiré par quelqu'un qui est entrain de dormir, c'est un sexualité reconnue". Être attiré et violer, deux notions qui semblent encore se confondre dans l'esprit de l'avocate. Dans cette interview, elle affirme pourtant avoir été elle-même "victime de violences fortes." "Je suis partie du fait des violences et après j'ai rencontré mon mari qui est décédé", dit-elle en larmes. Si l'on compatit et soutient toutes les femmes victimes de violence, difficile de ne pas déplorer un cruel manque de sororité.