Il y aura un avant et un après l'affaire Pélicot, on l'espère. Le 25 novembre, le procureur de la République et son adjointe ont débuté la présentation de leur réquisitoire contre les 51 accusés du "procès des viols de Mazan". On vous en faisait le récapitulatif dans cet article. Concernant Dominique Pélicot, l'ex-mari de la victime, 20 ans de réclusion criminelle ont été requis le même jour. Et si le procès Pélicot est identifiant par l'histoire sordide qu'il raconte et par le nombre des accusés, il permet d'illustrer ce que bon nombre de féministes répètent depuis longtemps : tous les hommes peuvent être des violeurs et le profil type n'est pas celui que l'on croit.
Anna Margueritat est photographe. Elle a assisté à toutes les audiences du procès des viols de Mazan et a régulièrement commenté et publié des comptes rendus sur ses réseaux sociaux. Le 29 novembre, elle a partagé quelques statistiques concernant les 51 accusés. Des chiffres qui montrent le profil majoritaire de ces agresseurs et qui permettent de mettre à mal le cliché raciste et classiste qui veut que le violeur type soit un étranger célibataire et précaire.
Inutile de le rappeler mais, parmi les 51 accusés, l'intégralité sont des hommes. 49 comparaissent pour "viol aggravé". Leur moyen d'âge au moment des faits est de 47 ans, le plus jeune ayant 22 ans et le plus vieux 68 ans.
À la surprise de nombreuses personnes, 35 ont au moins un enfant, soit plus de la moitié. De quoi détruire pour de bon l'immunité prêtée automatiquement à la figure dite du "bon père de famille". Ajoutons également que parmi les accusés, 22 sont en couple et 9 sont fiancés ou mariés.
D'autres chiffres permettent de situer ces hommes dans des schémas liés aux violences, notamment sexuelles. Parmi eux, 14 sont concernés par des faits de violences conjugales dont 4 incluant des faits de viols conjugaux. En dehors du cadre conjugal, 4 ont été concernés par des faits de violences sexuelles dont 3 caractérisés par de l'inceste.
Agresseurs mais aussi parfois agressés, les accusés du procès Pélicot montre encore une fois que, bien souvent, les agresseurs reproduisent les violences dont ils ont été victimes. Ainsi, 19 d'entre eux ont été victimes de violences intrafamiliales dans l'enfance. Plus spécifiquement, 17 ont été victimes de violences sexuelles dans leur enfance, dont 4 d'inceste.
Pour avoir violé Gisèle Pélicot, pour certains plusieurs fois, plus de la moitié des accusés, 26 précisément, risquent 10 à 12 ans de prison selon les premières réquisitions. Quinze risquent 13 à 15 ans de réclusion criminelle et 8 risquent 16 à 18 ans. La plus petite peine requise est de 4 ans de prison et ne concerne qu'un seul des accusés. La plus lourde réquisition, 20 ans de prison, étant celle adressée à l'encontre de Dominique Pélicot, tente pensante qui a organisé ces violences sexuelles sur son ex-épouse et qui a lui-même reconnu l'avoir violée.
Le verdict est attendu au plus tard le 20 décembre.