Les enquêtes de l'Assemblée Nationale sur les violences sexistes et sexuelles se poursuivent. Le 16 janvier, plusieurs femmes ont été entendues pour témoigner de ces faits dans les mondes de la télévision et du cinéma. Parmi elles, Sophie Tissier.
Sophie Tissier a travaillé pour plusieurs émission de télévision connues en tant qu'intermittente. Lors de son audition, elle a témoigné du harcèlement et des violences sexuelles subies tout au long de sa carrière. Elle a énuméré une liste de souvenirs plus traumatisants les uns que les autres, survenus lors de ses passages à Arte, France Télévisions ou encore Canal+. "L'ambiance sexiste a toujours été plus ou moins présente sur tous les plateaux", raconte-t-elle.
L'étalonneur Serge Anthony, le réalisateur Nils Tavernier, le producteur et animateur Nagui, le réalisateur de Complément d'enquête Philippe Lallemants et plusieurs techniciens de tournage, la liste des hommes que Sophie Tissier pointe du doigt est effroyablement interminable.
Elle raconte le harcèlement sexuel quotidien subi de la part de son chef de stage, Serge Antony, en 2003. "Il était complètement obsédé, dit-elle. J'ai arrêté le cinéma, trop violent pour moi." Elle raconte également cette remarque subie par un collègue sur le plateau d'une autre émission : "On t'a déjà dit que t'étais bonne à te faire violer !". Des propos répréhensibles pour lesquels il ne recevra qu'un "petit sermon" se souvient-elle.
Sophie Tissier se souvient aussi des "hôtesses au décolleté profond placé derrière les invités "pour appâter le chaland". Elle raconte aussi cette réflexion devant témoin de Nagui, alors producteur de l'émission "Lescure : Tôt ou tard" en 2010. "Elle a du caractère la petite, ça va se finir sur l'oreiller", lui aurait-il dit.
En 2015, elle raconte qu'un cadreur de l'émission Les Maternelles lui a "littéralement attrapé le sexe" dans le couloir en sortant du plateau alors qu'elle marchait derrière lui. "Le fameux "grab the pussy" de Donald Trump, précise-t-elle. Je l'ai vécu, horrible." Comme le frère de son agresseur présumé était le chargé de production, elle confie ne pas avoir eu "le courage de porter plainte pour agression". "Je m'étais déjà relevée de 3 viols, je n'avais pas envie de replonger, explique-t-elle. Il fallait bien pouvoir continuer de bosser alors je me suis tue."
En plus des agressions subies dans le monde de la télévision, Sophie Tissier a également déposé une nouvelle plainte pour agression et harcèlement sexuels à l’encontre du responsable La France Insoumise (LFI) Eric Coquerel, en juin 2024. L’enquête ouverte après une première plainte déposée en juillet 2022 avait été classée en février 2023 par le parquet de Paris.