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"Des coups à prendre", "rire d'un tel sujet après Mazan" : pourquoi cette comédie française sur un homme accusé à tort de viol fait polémique
Publié le 17 avril 2025 à 11:00
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Un homme déconstruit (Benjamin Lavernhe) est accusé à tort de viol par une policière infiltrée dans les milieux féministes (Léa Drucker). Bien qu'autoproclamée pro-#MeToo, la comédie "Le mélange des genres" clive et dérange la critique...
"Des coups à prendre", "rire d'un tel sujet après Mazan" : pourquoi cette comédie française sur un homme accusé à tort de viol fait polémique
"Casse gueule", "rire d'un tel sujet après Mazan" : pourquoi cette comédie française sur un homme accusé à tort de viol fait polémique Un homme déconstruit (Benjamin Lavernhe) est accusé à tort de viol par une policière infiltrée dans les milieux féministes (Léa Drucker). Bien qu'autoproclamée pro-#MeToo, la comédie "Le mélange des genres" clive et dérange la critique... Traiter de sujets hyper touchy (les fausses plaintes pour viol, les "mauvaises victimes") tout en défendant le mouvement #MeToo, dépeindre le milieu des militantes féministes les plus "vénérs" sans sombrer dans la caricature, marier humour noir et défense de la libération de la parole, c'est là l'intention plutôt ambitieuse du cinéaste Michel Leclerc (Le nom des gens). Est épinglée, la caricature lourde du mouvement féministe, à travers le portrait pluriel de militantes, sources de gags divers (parmi lesquelles, Melha Bedia) : "Cette comédie sur la domination patriarcale était prometteuse. Mais malgré l’alchimie du duo Benjamin Lavernhe et Léa Drucker, on rit plus des féministes qu’on ne se moque des masculinistes". Sur les réseaux sociaux à l'unisson, on exprime une certaine perplexité à l'égard d'une farce contemporaine au postulat si ambiguë. Si ce n'est contre productif. Ainsi Murielle Joudet, dans les pages du Monde, se questionne intensément sur l'écriture du personnage masculin, porté par Benjamin Lavernhe : "Où est l’homme, bête et méchant, pas déconstruit pour un sou, hétéro, beauf, voire violent ? Pour rendre convaincante la peinture des outrances militantes, il aurait fallu qu’en face existent la bêtise et la violence des hommes".
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Une flic en infiltration parmi des militantes féministes doit préserver coûte que coûte sa couverture, surtout lorsqu'on l'aperçoit... A la sortie d'un commissariat. Et pour ce faire, elle va prétexter un dépôt de plainte émis à l'encontre d'un homme, choisi complètement au hasard dans un bar. Un parfait inconnu qu'elle accuse donc... De viol.

Dans la peau de l'homme déconstruit, Benjamin Laverhene, dans celle de la policière, Léa Drucker, et au coeur de ce film de Michel Leclerc (Le nom des gens) intitulé Le mélange des genres, qui n'est pas du tout un drame à la Pas de vagues (autre récit de fausse accusation, avec François Civil), mais bel et bien une comédie, un maelstrom d'intentions : traiter de sujets hyper touchy (les fausses plaintes pour viol, les "mauvaises victimes") tout en défendant le mouvement #MeToo, dépeindre le milieu des militantes féministes les plus "vénérs" sans sombrer dans la caricature, marier humour noir et défense de la libération de la parole...

Mais ce "Mélange des genres" tient-il la route ? Paré de ce postulat casse gueule, il clive la critique, et suscite la polémique. Sans grande surprise. On s'est penché sur sa réception tout aussi instable...

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"Rire de ce sujet après Mazan", "on se moque des féministes" : fausse accusation de viol, homme déconstruit, néo féminisme, un cocktail controversé pour une comédie ?

La sauce ne prend pas, selon Télérama.

Qui l'énonce ainsi sous la plume de Samuel Dohaire : "Cette comédie sur la domination patriarcale était prometteuse. Mais malgré l’alchimie du duo Benjamin Lavernhe et Léa Drucker, on rit plus des féministes qu’on ne se moque des masculinistes". Est épinglée, la caricature lourde du mouvement féministe, à travers le portrait pluriel de militantes, sources de gags divers (parmi lesquelles, Melha Bedia).

Alors même que Le mélange des genres désire orchestrer, en s'amusant en douceur des supposées "nouvelles masculinités", un déboulonnage du protagoniste masculin, confronté au gré des tribulations à ses propres certitudes, à son confort et à une société patriarcale qui le privilégie. C'est ce qu'indique Les Fiches du cinéma d'ailleurs : "Leclerc défend avec humour le mouvement #MeToo tout en questionnant, un peu maladroitement, ses conséquences sur les rapports entre hommes et femmes".

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Mais pour le journal Télérama toujours, ce n'est guère convaincant : "La domination patriarcale, surtout après le procès des viols de Mazan, ne prêtant pas spontanément à la rigolade, le réalisateur avait conscience d’avancer sur un terrain miné. Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’en sort pas indemne".

Même son de cloche chez Libé qui considère que "la comédie de Michel Leclerc finit par reconduire les stéréotypes qu’il prétend déconstruire".

"Un sujet particulièrement inflammable" 

Sur les réseaux sociaux à l'unisson, on exprime une certaine perplexité à l'égard d'une farce contemporaine au postulat si ambiguë, considéré par bien des plumes comme particulièrement "inflammable". Si ce n'est contre productif. 

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Nos confrères d'Allociné ne s'y sont pas trompés. La journaliste Brigitte Baronnet reconnaît que cette satire va donner "matière à débat" et ne pas passer inaperçue, pour le meilleur comme pour le pire. Mais dans une longue interview qu'on vous invite à lire, le cinéaste Michel Leclerc s'en réjouit : "La peur de parler du féminisme pour un homme comme moi, j'avais envie de l'affronter, de savoir comment je réagis à toutes ces questions, savoir quel homme je suis. On ne m'attend pas sur un sujet comme celui-là, et je le sais aussi, qu'il y a éventuellement des coups à prendre".

Ecriture qui ne fait pas toujours des étincelles quand il s'agit justement de ces messieurs. 

Ce dont rend compte la critique cinéma. Ainsi Murielle Joudet, dans les pages du Monde, se questionne intensément sur l'écriture du personnage masculin, porté par Benjamin Lavernhe : "Où est l’homme, bête et méchant, pas déconstruit pour un sou, hétéro, beauf, voire violent ? Pour rendre convaincante la peinture des outrances militantes, il aurait fallu qu’en face existent la bêtise et la violence des hommes".

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Seuls des médias comme L'humanité, Le Parisien et Le Point, partagent leur enthousiasme. Mais aussi Première, sous la plume de Thierry Chèze, qui accorde dans ses pages un "quatre étoiles" triomphant et une abondance de compliments à l'égard de cette satire... Culottée. 

Lisez plutôt : "Cette manière de parler d’engagement par le prisme d’une espièglerie dédramatise les choses sans les nier. Un film inconfortable mais jamais dérangeant. Une manière de ne pas réduire une question essentielle à des cris d’orfraie entre progressistes et réacs. Un film qui fait un bien fou". Farce au sein de laquelle l'on retrouve également (spoiler) un curieux sosie de Virginie Despentes. 

Peinture au vitriol de mauvais goût ou comédie acidulée ? 

A vous de nous dire...

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