Ce n'est pas la prise de parole qu'on attendait tous, mais il faut avouer qu'elle dit les termes. Ségolène Royal a défendu la condamnation de Nicolas Bedos pour agressions sexuelles, sur le plateau de BFMTV ce mercredi 23 octobre.
Pour rappel, le 22 octobre, l’acteur et réalisateur a été condamné à un an de prison pour des faits d'agressions sexuelles sur deux femmes en 2023. Sa condamnation - à laquelle il va faire appel - inclue six mois ferme à domicile sous surveillance électronique et six mois avec sursis, et une obligation de soins. On vous expliquait ici pourquoi la condamnation est historique.
"C'est un prédateur sexuel, il faut utiliser les mots comme ils sont", a déclaré l'ancienne candidate à l'élection présidentielle. Si deux femmes ont porté plainte contre Nicolas Bedos, Ségolène Royal s'interroge : "deux plaignantes, mais pour combien de femmes qui n'ont rien osé dire parce que c'est quelqu'un d'important dans le monde du cinéma ?"
L'avocate de Nicolas Bedos, Me Julia Minkowski, juge la peine "d'une sévérité inédite" et a annoncé faire appel de la décision du tribunal correctionnel de Paris. Elle a dénoncé une condamnation démesurée face à ce qu'elle désigne publiquement comme un "bisou dans le cou". (On rappelle quand même qu'un bisou non-consenti reste une agression sexuelle). "J'imagine que si les juges ont pris cette décision, ce n'est pas comme on le dit pour un bisou dans le cou, c'est insupportable d'entendre ça", s'est insurgé Ségolène Royal, estimant qu'il y avait "des choses lourdes dans le dossier qui ne sont pas forcément mises sur la place publique."
Sur le plateau, l'éditorialiste Christophe Barbier questionne la femme politique : "Est-ce qu'il n'aurait pas été plus sage d'attendre l'appel ?" Ségolène Royal rétorque : "Mais attendez, il n'est pas en prison, c'est déjà un privilège d'avoir un bracelet électronique. Ce serait quelqu'un d'inconnu, ce serait un gamin de banlieue, vous croyez qu'il aurait un bracelet électronique ? Il serait immédiatement en prison."
L'ancienne ministre a en tout cas salué une condamnation, rare pour les hommes de pouvoir. Il faut dire qu'on se souvient d'Edouard Baer, accusé d'agressions sexuelles en mai dernier, qui annulait sa tournée pour en fait se produire ailleurs. "PPDA, tout ça, ils sont où ? Ils ne sont pas condamnés, il n'y a rien, parce qu'ils ont beaucoup de pouvoir, ils ont beaucoup d'argent donc ils peuvent prendre beaucoup d'avocats, demander des expertises, des contre-expertises", a-t-elle regretté. Et de conclure : "Les agresseurs sexuels qui sont connus ont un rapport de force puissant à l'égard de leurs victimes. En face, ils ont des victimes anonymes qui ont leur vie bousillée parce qu'elles sont barrées de tous les accès dans les professions du cinéma en l'occurence, et qui vont porter à vie les conséquences des attouchements et des agressions sexuelles." Tout est dit.