"Ma candidature", c'est le titre du tout nouveau spectacle du comédien et metteur en scène Edouard Baer. Mais alors que les affiches ponctuent Paris, invitant le public à se rendre au Théâtre Antoine, situé dans le Xe arrondissement de Paris, ses représentations se voient tout simplement annulées sur la capitale...
La raison ? On pourrait volontiers y voir les incidences d'une enquête conséquente, menée par le média féministe Cheek Magazine (en collaboration avec Médiapart) et dédiée à l'acteur. Un article rapportant de la voix de six femmes de nombreuses accusations d'agressions sexuelles et d'attitudes "déplacées". Ou plus encore, de faits de harcèlement, qui se seraient étalés de 2013 à 2021.
Les victimes présumées feraient état de la même tranche d'âge - la vingtaine - et la moitié d'entre elles sont afrodescendantes. C'est un terme employé pour désigner les personnes d'ascendance africaine, ou dont l'ascendance est affiliée à la diaspora africaine. Il s'écrit également ainsi : "afro-descendant". Une particularité qui a valu à Edouard Baer d'être accusé à travers ses attitudes de "fétichisation".
L'annulation du spectacle d'Édouard Baer survient une semaine après la parution de cette enquête conjointe. Mais peut-on vraiment parler de "cancel culture", terme galvaudé employé par certains internautes ?
Face à cette nouvelle, des faits sont volontiers rappelés.
Alors que l'annulation de "Ma candidature" à Paris fait beaucoup réagir, ses représentations en dehors de la capitale se sont cependant poursuivies. A Romans-sur-Isère le 24 mai dernier, en Suisse le 28 mai... Sans compter les futures représentations : à Roubaix le 2 juin puis à Antibes les 14 et 15 juin par exemple. Comme le précise Libération, les billets sont toujours en vente. En sera-t-il de même d'autres représentations ?
Dimanche 12 mai, Édouard Baer avait déjà beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux. Invité de Laurent Delahousse sur France 2, le comédien avait été interrogé sur le mouvement #MeToo. Et avait affirmé face caméra : "Vous vous rendez compte qu'il y a 12 sujets en un, 12 prises de parole différentes, il y a des scandales, tout est différent, y a des saloperies, y a des malentendus... tout est lié, le fait de ne plus passer par les tribunaux fait que toute parole serait bonne à dire, à répandre. Avant, la parole des hommes était dominante et aujourd'hui, il y a une sorte d'inversion, avant qu'il y ait un rééquilibrage"
L'enquête de Cheek Magazine et Médiapart a également relayé la réaction directe d'Edouard Baer : "Je ne me reconnais pas dans les mots ou les gestes qui me sont attribués, mais je ne peux qu'exprimer mes regrets que mon comportement ait mis mal à l'aise ou blessé ces femmes. Je n'ai pas eu l'intelligence de le percevoir. J'en suis profondément désolé. Je n'ai jamais cherché à les heurter intentionnellement. Je leur présente toutes mes excuses"