Plus d'un an après le viol collectif qui avait coûté la vie à une jeune étudiante indienne dans un bus de New Dehli, les propos d’une responsable politique remettent de l’huile sur le feu, dans un pays encore sous le choc. Asha Mirge, leader du NCP indien et membre de la commission des femmes de l'État du Maharashtra (ouest de l'Inde), a ainsi soulevé une vague d’indignation en assurant que si les femmes se faisaient violer, c’était généralement « de leur faute ». Tenues trop suggestives, attitudes sexy ou provocantes, présence à des heures tardives ou matinales dans des rues trop désertes : les Indiennes seraient les artisans de leur propre malheur en ne respectant pas quelques règles qui leur assureraient de rester à l’abri des agressions.
Faisant référence au drame survenu à celle que l’on appelle depuis « la fille de l’Inde », la responsable politique s’est exprimée lors d’une réunion qui se tenait mardi soir dernier : « Nous devons nous questionner. Où vais-je le soir, avec qui, et, surtout, est-ce indispensable de sortir à cet endroit ?», a-t-elle souligné. Nullement freinée par la présence du père de la victime dans la salle, Asha Mirge s’est par ailleurs interrogée à voix haute : « Pourquoi était-elle sortie ce soir-là ? Avait-elle vraiment besoin de voir un film le soir avec son ami ? Pourquoi est-elle allée dans un endroit aussi isolé ? ».
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Tollé général dans un pays traumatisé par les violences faites aux femmes et qui voit son nombre de viols et d’agressions sexuelles en constante hausse. Les médias ont repris en masse les déclarations d’Asha Mirge pour les critiquer vivement, et les réactions des associations féministes ne se sont pas faites attendre, blâmant des propos « inacceptables ». Face à cette flambée médiatique, la membre de la commission des femmes a plaidé la maladresse, présentant immédiatement ses excuses publiquement.
« Je n’ai en aucun cas blâmé les femmes violées. J’ai juste expliqué que depuis que nous sommes dans une période délicate, nous devons nous montrer très prudentes », a-t-elle tenté de se rattraper. Difficile à avaler alors qu’à New Delhi, selon le New India Express, le nombre d'agressions sexuelles a bondit entre 2012 et 2013, passant de 433 viols recensés entre janvier et août 2012, à 1036 sur la même période en 2013.