Mardi 21 janvier, une femme de vingt ans a été victime d'un viol en réunion sur ordre du conseil de son village, situé dans la région du Bengale occidental à l'est de l'Inde. Son crime ? Avoir entretenu une relation amoureuse avec un homme d'une autre communauté, rapporte ce jeudi 23 janvier la police locale.
Selon les autorités, « le chef du village a convoqué une réunion en urgence mardi sur la place du village, à laquelle la fille et son amant ont été convoqués ». Le conseil avait initialement imposé aux parents de la jeune femme l'acquittement d'une amende de 25 000 roupies (300 euros). Face à leur incapacité de payer, « le chef de village a ordonné en punition qu'elle soit violée par les habitants », a déclaré un policier du district, C. Sudhakar à l'AFP. Le jeune homme impliqué a quant à lui été libéré après avoir promis de payer l'amende d'ici la semaine prochaine.
Hospitalisée dans un hôpital du district de Birbhum, la jeune a été en mesure d'identifier formellement ses agresseurs. « Ils m'ont violée […], ils avaient tous l'âge de mon père », a-t-elle déclaré aux journalistes présents sur place. Treize hommes, dont le chef du conseil du village ont été arrêtés. Ils devraient comparaître devant un tribunal jeudi soir, a indiqué la police.
Cette nouvelle affaire de viol collectif survenue en Inde met un peu plus en lumière les violences sexuelles subies par les femmes dans le pays. En décembre 2012, la mort de la jeune Jyoti Singh Pandey, violée collectivement par six hommes à bord d'un bus à New Dehli et décédée des suites de ses blessures, avait provoqué l'effroi dans tout le pays. En mars 2013, c'était au tour d'une touriste suisse de 39 ans d'être victime d'un viol collectif dans le centre du pays. Ses agresseurs ont depuis été jugés et condamnés à la prison à vie.
La classe politique indienne a réagi à cette nouvelle affaire d'agression sexuelle, qu'elle a qualifiée « d'inhumaine et de totalement scandaleuse » et plusieurs défenseurs des droits des femmes ont dénoncé l'influence des conseils de village, encore très prégnante dans les zones les plus isolées du pays. « Une telle mentalité n'existe pas seulement dans des contrées rurales reculées, mais également dans le métro de Delhi. Les racines sont ancrées profondément dans notre société et notre caste », a jugé Kavita Krishnan, secrétaire de l'association All India Progressive Women's Association.