






Près de 2 Français sur 5 connaissent une personne victime d'inceste.
Dans 34% des cas, c'est une personne de la famille.
7,4 millions de personnes déclarent avoir été victimes d'inceste. Parmi ces voix qui n'ont pu ou ne peuvent résonner, quand (dans bien des situations), elles sont venues briser le silence, mais sans être écoutées, on trouve celle de Christine Angot.
L'autrice du Prix Médicis Le Voyage dans l'Est, récit insoutenable d'un inceste, viols incestueux dont elle a été victime des années durant, et dont l'agresseur est son propre père, violences qu'elle pose en mots depuis 1999 et son autofiction L'inceste...
Plus de 20 ans après la parution de L'inceste justement, la romancière se fait réalisatrice et dans un documentaire salué par la presse, confronte sa famille à ce passé qui ne passe pas.
Cet inceste, qu'elle aborde également dans le déchirant Un amour impossible, est dans ce documentaire, intitulé Une famille, l'expression d'un impensé intolérable, un énorme tabou pour le cercle familial. Comme aux yeux de l'ex épouse de son père, que l'autrice d'une vingtaine de romans affronte lors d'une séquence particulièrement dévastatrice.
A retrouver ci contre...
"Tu dois m'écouter !"
Lorsque Christine Angot entre au domicile d'Elisabeth, l'ex femme de son père, à Strasbourg, celle-ci s'agite, fuit la conversation, qui se fait orageuse, et lui répond : "Tu me fais de la peine". Réaction de la principale concernée : "Mais ça va pas ? Je te fais de la peine ?!"
"Comment tu oses dire ça ? Tu n'as pas des excuses à me donner ? Asseyons-nous et parlons. Tu vas m'écouter. J'ai besoin d'être écoutée, pour parler, pour être soutenue".
Et l'épouse de lui décocher : "Cet homme dont tu parles [son père, ndlr] je ne le connais pas. C'était quelqu'un que j'ai admiré. Pour moi c'était l'homme de ma vie. C'est presque impensable ce que tu as vécu avec lui".
Les paroles sont dures et, on s'en doute, tristement lucides, quand Christine Angot, caméra au poing, confronte l'ex épouse de son père à sa souffrance, et au silence pesant qui est venu les couvrir.
Entretiens intenses comme celui-ci et images d'archives constituent Une famille, documentaire en forme de cri de douleur, qui fait écho aux témoignages tout aussi poignants lus et partagés à travers le mouvement de libération de la parole #MeTooInceste.
Ce qui fait beaucoup réagir les internautes, dérangés par cet extrait : "Toute sa vie elle sera en quête d’explication et d’excuses…c’est normal courage et force", "Combien de mère ou de belle-mère ont fermé les yeux…..!?", "Bravo Christine !! Vous êtes une survivante", "quand on connaît son histoire on comprend qu'elle a souffert et qu'elle souffre encore", "Ça doit être tellement lourd de pas être crue et comprise", peut-on lire parmi les spectateurs de Canal Plus.
Autre échange intense, celui de Christine Angot auprès d'Augustin Trapenard. S'attardant longtemps sur le fléau de l'inceste, la romancière témoigne : "On ne cesse de dire : il faut parler. Mais ce sont toujours les mêmes qui parlent".
"Un mot ne suffit pas. Derrière un mot, il y en a un autre. Cela ne cesse de circuler. Les gens ne regardent pas l'inceste. Ils se regardent en train de poser des questions. Quand ils disent : 'on vous croit !' cela veut dire 'Je n'ai pas besoin de détails, je te crois'. C'est encore une autre façon de faire taire les victimes. Le lendemain, quand vous n'arrivez pas à le dire à votre mère, vous avez honte.
"Quand vous rentrez de vos vacances et que vous dites à votre meilleure amie que vous avez un père génial, là encore vous avez honte... Parfois, tout à coup, en rangeant des affaires, je me dis : Mais t'as pas vécu ça ! Ce n'est pas moi qui ai vécu ça ! C'est lamentable. C'est une peine. Je me suis toujours battue contre ça. Je suis contente d'arriver à écrire 'ce truc' et en même temps je le fais, donc ça me dégrade...Toute la honte qui est attachée à cela. C'est de la salissure. C'est moche"