






"Monsieur !"
Ca, c'est qu'a décoché au Sénat le Républicain Keith Self à l'adresse de Sarah McBride, une élue Démocrate. Pas n'importe quelle élue : Sarah McBride est une personnalité politique historique, puisque la première personne transgenre à siéger au Congrès américain. Elue au sénat de l'Etat de Delaware, elle a 34 ans.
Et, hélas, l'habitude de la haine anti trans.
Il y a quelques semaines, celle qui avant d'occuper ce poste était chargée des affaires intergouvernementales sur les questions LGBTQ+ lors de la présidence Obama avait déjà fait l'objet de remarques similaires, lorsqu'un représentant du parti présidentiel l'avait qualifié de "gentleman"... Et la principale concernée a réagit.
Sarah McBride est victime de "mégenrage".
Mégenrer une personne trans, c'est la renvoyer à son genre biologique, au détriment de son parcours de personne trans, du genre auquel elle s'identifie. C'est tout simplement nier sa condition de personne trans. Une star comme Hunter Schafer, grande révélation de la série Euphoria, a pu en faire les frais notamment.
Mais aussi Elliot Page, star de Inception, Juno...
A Terrafemina, la créatrice de contenus et autrice trans Lexie témoigne de ces discriminations normalisées : "La transphobie, qui prend mille et une formes. Comme le fait d'avoir peur de sortir sa carte d'identité quand on n'a pas changé la mention de genre parce qu'on sait que ça peut exposer à des regards méfiants, à des moqueries, à des critiques ou des questions très intrusives"
"On a aussi des services médicaux qui sont beaucoup moins bien rendus. Les hommes trans ont besoin d'aller voir des gynécologues et souvent, il y a une vraies violence qui s'opèrent à ce niveau. Ou le simple fait de faire ses courses : on a déjà refusé de m'encaisser. On me traite parfois de "travelo" dans les transports ou d'"erreur de la nature", d'"espèce de monstre", j'ai déjà été suivie dans la rue... Il y a aussi beaucoup d'invitations au suicide"
"Bref, la transphobie, c'est un ensemble de violences qui sont physiques, verbales et émotionnelles. Et on ne devrait pas avoir à les subir : elles sont injustes et amènent à de l'isolement social, à une peur constante, à de l'anxiété, de la dépression. Et ça peut être insupportable à vivre"
Keith Self sait naturellement ce qu'il impose à son interlocutrice en l'appelant "monsieur" : diffuser une forme de transphobie très ordinaire, une violence insidieuse qui n'a l'air de rien mais a pour but de nier la condition de la femme à laquelle il s'adresse. Et ce alors que, comme l'énonce le slogan LGBTQ, "les droits trans sont des droits humains".
Manifeste que proclament de nombreuses personnalités à Hollywood, comme Emma Watson. A l'unisson, bien des féministes rappellent qu'il n'y a pas d'engagement et de lutte pour les droits des femmes envisageables... Sans les femmes trans. Et les personnes trans en général.
Mais cela ne semble guère passer au Sénat.
"J'ai refusé de nier la réalité biologique", s'est défendu l'élu. Et la principale concernée de réagir directement, sur ses réseaux sociaux : "Peu importe la façon dont je suis traité par certains collègues, rien n'atténue mon admiration et ma gratitude de pouvoir représenter le Delaware au Congrès. C'est un véritable honneur et un privilège. Je veux simplement servir et contribuer à rendre ce monde meilleur".