Cette assertion, on la retrouve dans toutes les Marches des fiertés, et autres mobilisations de la communauté LGBTQ. Elle se fait de plus en plus vraie au fur et à mesure des années malheureusement. L'assassinat de Brianna Ghey, dont les auteurs ont été jugés l'an dernier, l'a largement prouvé : la jeune femme a été victime d'un "crime de haine", assassinée car transgenre, dans une nation, celle du Royaume Uni, où la police aurait enregistré 2 630 crimes haineux contre des personnes trans.
Même son de cloche lugubre en France où le nombre de violences commises à l'encontre des trans aurait augmenté de 27 % en un an, selon une récente étude de SOS Homophobie, prenant en considération les témoignages de 1 506 personnes. Et justement, c'est dans l'Hexagone que deux nouveaux meurtres ont pris place.
Deux femmes transgenres ont été tuées à Paris et Compiègne. L'un des suspects, qui s’est présenté au commissariat de Clamart le 9 juillet dernier tel que le relate le Huffington Post, explique que sa victime, travailleuse du sexe, aurait "provoqué sa colère" quand il a découvert... Qu'elle était une femme trans. S'ensuivirent conflits, coups violentes et meurtre au couteau, en plein seizième arrondissement. Un exemple accablant, déplorent les associations, de transphobie : une femme trans est tuée car elle est une femme trans.
Crime de haine transphobe ou, comme l'énonce l'intitulé juridique, "meurtre à raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre de la victime"... Ce que l'on peut associer à ce que l'on intitule à l'unisson les "violences de genre". Et l'horreur ne s'arrête pas là.
A Compiègne, cette même semaine, et plus encore, à quelques heures seulement de distance, un homme de 40 ans s’est présenté au commissariat, expliquant avoir tué sa compagne, transgenre... A coups de hache. Si comme le souligne le Huff Post la transphobie ne serait pas abordée aussi frontalement dans cette affaire, il s'agit cependant bel et bien d'un féminicide. Un autre meurtre ayant donc trait à l'identité de genre. Crimes de haines, meurtres en raison de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre... Ces deux affaires morbides démontrent la nécessité de nommer concrètement la transphobie.
Par-delà ces crimes, les violences transphobes beaucoup plus implicites sont légion : préjugés, stigmatisation... Comment lutter ? En privilégiant l'information. En rappelant que la transphobie est tout sauf une opinion. En effectuant tout un travail de sensibilisation.
Une figure majeure pour qui s'intéresse à ces enjeux de société en France s'est exprimée à de nombreuses reprises à ce propos : la maire Marie Cau. Au magazine Têtu, la femme politique transgenre - première maire trans de France - détaille ses observations : "Il faut une diffusion par capillarité, au niveau des écoles, des institutions, des organisations professionnelles. C’est un travail de longue haleine, ce n’est pas un sprint mais un marathon. Il faut diffuser, diffuser, diffuser".
"Il y a des associations qui font déjà un important travail. Le Gouvernement est à l’écoute des associations. Nous sentons tout de même une réelle volonté de la part de l’Etat. Mais il faut encore je pense 10-15 ans pour que ça soit parfaitement intégré. Les gens ne s’intéressent qu’aux sujets qui les concernent, on ne peut pas leur en vouloir. Il faut éduquer. On ne peut pas tout savoir sur tout le monde, il faut être tolérant envers les gens qui ne savent pas. Il faut s’en faire des allié·es et ne pas les prendre à rebrousse poils"
De plus en plus de voix médiatiques s'élèvent contre la transphobie.
Sur le plateau de France 5 récemment, c'est Enora Malagré qui a haussé la voix. A juste titre.
"Aujourd'hui il y a une meilleure visibilité des personnes trans, on le voit dans la fiction. Mais la loi n'a pas changé, et les personnes concernées sont encore exposées à la discrimination", a-t-elle alerté face aux caméras. "7 % de la population connaît une personne trans. On peut les aider en contribuant à des cagnottes car les opérations médicales relatives à la transition sont très mal remboursées et coûtent énormément d'argent".
"Enfin, je rappelle surtout que la transphobie n'est pas une opinion mais un délit puni par des sanctions pénales. Si votre cerveau est trop atrophié pour respecter l'humain, alors respectez au moins la loi. Il n'y a pas de féminisme sans les femmes trans !"