C'était l'un des grands espoirs du rire US.
Valeur sûre du SNL, ou Saturday Night Live, grande institution de l'humour outre atlantique, Amy Schumer éclot comme bien des homologues d'une nouvelle génération d'humoristes, l'ère Judd Apatow, celle de la fin des années 2000 et des années 2010. Principalement marquée par un essor du trash, une plus redoutable minutie dans l'exercice du stand up, et une franche liberté comique pour un public soucieux de voir d'autres visages. C'est l'époque de comédies déjantées et réjouissantes comme Bridesmaids, avec Kristen Wiig et Melissa McCarthy.
Et Amy Schumer s'est délectée de ce renouveau en portant ses discours décomplexés, féministes et acidulés. Réjouissant pour tout un public qui voyait notamment en elle un role model body positive, assumant son corps et sa non conformité aux diktats physiques et autres injonctions à la féminité - son corps occupe d'ailleurs une place importante dans ses performances comiques. Tout en se faisant héritière d'une modernité à la Sarah Silverman - autre indispensable de la drôlerie irrévérente à l'américaine.
Sauf qu'avec les années, l'admiration est devenue bashing.
Et aujourd'hui, il est rare que l'humoriste échappe aux sexistes...
Alors qu'elle venait présenter son dernier film sur le tapis rouge, Amy Schumer a ainsi suscité l'ire des machos. Sur les réseaux sociaux, les noms d'oiseaux déferlent à l'encontre de son apparence.
"Amy Schumer n'aura jamais l'air belle", peut-on notamment lire du côté d'Instagram, sous la publication que nous vous relayons ci contre. Surtout, certains y vont de leurs Gifs "Piggy la cochonne", comparant la star, en robe rose bonbon, au fameux personnage du Muppet Show, auquel donne vie le marionnettiste Frank Oz. De son vrai nom, Miss Piggy. C'est l'épouse de Kermit la Grenouille.
Sexisme ordinaire ? Hélas. Et pas seulement.
Les insultes égrenées par les anonymes respirent volontiers la grossophobie. Le genre d'injures auquel rétorque sur les réseaux sociaux et au sein du pop féminisme le mouvement body positive, prônant à l'inverse la diversité des corps. Une exigence d'inclusion - et surtout : de respect - que les internautes semblent lourdement ignorer.
Des attaques dont Amy Schumer a malheureusement l'habitude, elle en a même fait tout un terrain humoristique mâtiné d'autodérision et de clashes jubilatoires, pour le plus grand plaisir de son public. Mais cela n'empêche pas la misogynie d'autrui... Alors que les prises de parole de l'artiste, elles aussi, clivent de plus en plus.