"Tout a déraillé !"
Il en faut, du courage pour revenir sur le tournage de cette satire qui a rapidement vrillé à la catastrophe... Avant de faire l'objet de très vives critiques de la part de la presse, une fois sortie dans les salles obscures. Après une genèse très mouvementée, un vrai acharnement dans les magazines. Et ce à l'encontre d'une comédie très malaimée et qui aujourd'hui hante sa comédienne principale, tout naturellement il faut dire : celle-ci en est également l'autrice, et la réalisatrice !
C'est donc son film, mais ça ne l'est pas vraiment. La faute à de gros conflits sur le plateau, une manque de confiance, un mépris plus ou moins annoncé, voire même... De la pure et dure misogynie bien traditionnelle. Ce film au sujet très touchy, c'est Si j'étais un homme, et son instigatrice, c'est Audrey Dana.
Dans le podcast Comédies Club de BFM TV, celle-ci aborde ce qu'elle n'a jamais évoqué, et notamment... Le sexisme dont elle a été victime durant le tournage de son propre film. Et qui n'a pas été sans conséquences...
Si j'étais un homme, c'est l'histoire d'une femme qui se réveille avec un pénis. La comédienne y côtoie Christian Clavier.
Tout au long du passionnant podcast Comédies Club du journaliste Jérôme Lachasse, Audrey Dana revient sur son intention première avec ce pitch, comment dire ? Hyper casse-gueule. A savoir : dresser un vrai portrait de femme, troublée dans son genre, un film en phase avec son temps, pas forcément réaliste, allégorique, émouvant et intime...
Mais cela n'a pas vraiment réussi.
Pourquoi ? Et bien, l'ambiance sur le plateau n'y était pas inconnue. Et plus encore, l'attitude d'un chef opérateur apparemment très... Autonome. Qui ne l'écoutait pas, elle, la cinéaste, concernant ses choix de plans, d'éclairage. Quitte à refuser carrément ses idées. "Il me disait non", se souvient-elle. Tout simplement ! Très vite, "tout a déraillé" : la tension s'exacerbe. "Il me fallait du calme, du respect, un regard bienveillant... et je ne l'avais pas", déplore Audrey Dana, à qui l'on doit également Hommes au bord de la crise de nerfs.
Pour la première fois de sa vie d'artiste, explique l'interprète remarquable chez Claude Lelouch (Roman de gare), Audrey Dana a pu "expérimenter" le sexisme dans sa forme la plus évidente : ne pas être considérée, prise au sérieux, écoutée... Et ce malgré la qualité de son poste ! Qui consiste notamment à diriger, comédiens comme techniciens.
L'actrice dénonce plus globalement le comportement d'une "bande de vieux gars machos" apparemment dérangée à l'idée de se retrouver avec "l'idée une femme aux commandes". Situation qui va un peu s'améliorer lorsque le chef opérateur, dont l'attitude aurait été tout aussi problématique sur un autre tournage (d'après Audrey Dana), va partir, et être remplacé par un autre technicien, plus... Bienveillant. C'est un euphémisme pour dire : moins sexiste.
Une situation qui la dérange beaucoup, rétrospectivement.
"J'avais besoin d'avoir un bonhomme pour me faire entendre. C'est la première fois sur ce tournage que j'ai été confronté vraiment au fait d'être une femme et de ne pas être respectée parce que je suis une femme. Ce qui est fou sur un film qui s'appelle... Si j'étais un homme"
Il faut écouter le reste du podcast : Audrey Dana revient sur les vives accusations venues achever sur les réseaux sociaux Si j'étais un homme. Des accusations de transphobie, ou haine anti-trans, nourries par le traitement jugé très maladroit si ce n'est problématique d'un sujet si épineux. Ce qui permet à l'actrice, apparemment très touchée par ses remarques, de partager un témoignage très personnel, en expliquant pourquoi ce sujet important la concerne directement.
Une prise de parole rare. Qui rappelle celle, tout aussi précieuse, d'une autre actrice, certes plus connue comme popstar : Ophélie Winter. Une icône des années 90 qui elle aussi a subi la misogynie la plus crasse suite à son entrée dans le monde du cinéma. Un véritable "enfer", à l'écouter. Elle en parle sans le moindre filtre ici.