Au sein de la téléréalité, c’est un ovni.
L’an dernier, Ouryel, jeune femme de 24 ans, faisait son coming out trans en pleine épisode de Frenchie Shore, un Jersey Shore à la française, irrévérencieux, hyper sexuel et provocateur. Erigé fièrement en “show le plus trash de toute la téléréalité hexagonale”, Frenchie Shore bousculait alors les lignes. On a dédié un billet d'humeur à ce sujet.
Et ce qui a bouleversé le public, c'est également l’étonnante bienveillance que cette annonce a suscité parmi ses collègues. Et aujourd’hui, en pleine saison 2 du show, source de buzz continus, la star aux abondants followers s'est rendue sur le plateau de l'animateur Sam Zirah, docteur és téléréalité, pour réagir à ce qu’elle reçoit tous les jours : les commentaires bien déplacés quand on est une femme trans… Pour ne pas dire carrément insultants. On appelle ça de la transphobie.
JK Rowling en sait quelque chose paraît-il.
La haine dont les personnes trans font l'objet donc, et plus encore les femmes trans, mais aussi, les fantasmes tout aussi “limite” qu'elles engendrent. Face à Sam Zirah, Ouryel se lâche…
“Fétichisation” des femmes trans, préjugés bien rances, incompréhension lunaire, “mégenrage” des principales concernées… Ouryel a beaucoup à dire sur le sujet, c'est une certitude. Avec un grand sourire, elle réagit d’abord aux propos pour le moins... Bien à lui, de l’influenceur et star de films pour adultes AD Laurent, très populaire sur les réseaux sociaux.
AD Laurent donc, qui lui balance tout de go, avec un sens du lyrisme que ses très nombreux followers lui connaissent bien : "Cette dame, elle est très sympa, mais c'était un homme à l'époque. Elle avait une queue avant. Bien sûr elle se sentait femme et elle est née homme, c'est pour ca qu'elle se sentait pas bien".
Amis de la poésie, au revoir. Mais la conversation ne s'arrête pas là...
Non, car ces remarques relayées par Sam Zirah la font surtout beaucoup rire, Ouryel... Notamment car le créateur de contenus et "performer" professionnel achève son analyse sur une franche maladresse, et témoigne d'une très relative bienveillance (on l'espère) en expliquant qu'une femme transgenre "ne se sent pas homme".
Sur le plateau de l'animateur, Ouryel excuserait presque à AD Laurent sa dernière phrase qui vient la "mégenrer" : lui attribuer un genre qui n'est pas le sien. En l'occurrence, dire d'une femme transgenre qu'elle est un homme. Alors que les femmes transgenres sont des femmes. Léger rappel à destination de la star du X.
Si Ouryel préfère en rire plutôt que d'en pleurer, la star de téléréalité est loin de vivre un quotidien d'une aérienne légèreté. Au gré de ses stories Instagram, elle n'hésite jamais à partager à ses followers les insultes qu'elle reçoit. Et les menaces de mort. Une réalité bien moins facétieuse, à laquelle l'influenceuse sensibilise, à raison.
Et l'échange de se poursuivre de plus belle...
“Est-ce qu’une personne qui ne serait pas du tout attirée par une femme transgenre, opérée, c’est transphobe ?”, demande alors l’animateur Sam Zirah à la star de téléréalité - oui, du tac au tac. Ce à quoi Ouryel répond de manière tout à fait imperturbable : “Non, ce n’est pas du tout transphobe car...”.
"Je sais que ça peut bloquer chez des gens. Je suis une meuf trans, je sais de quoi je parle. Mon passé peut bloquer, c'est à dire qu'il peut m'empêcher de trouver quelqu'un", développe l'influenceuse. "Mais je ne considère pas ça comme une forme de transphobie : la sexualité, être excité par quelqu'un, c'est psychologique".
Une introspection à l'image de la star : sans le moindre filtre. L'occasion de rappeler deux trois choses cependant : selon une enquête récente de SOS Homophobie, la France serait de plus en plus homophobe… Et transphobe. Le nombre de violences commises à l'encontre des trans aurait augmenté de 27 % en un an, dixit les témoignages de 1 506 personnes concernées.
La transphobie tue.
Des incidences dramatiques du cyber harcèlement, massif envers les personnes trans puisqu'alimenté par une propagande très mise en avant, aux violences physiques et psychologiques, la transphobie est une réalité et fait des ravages : on vous en parle à travers cette glaçante affaire.
D'où l'importance au sein de la culture française des représentations. Dans la téléréalité, elles sont peau de chagrin. Mais l'on pourrait aussi bien citer Ouryel, aux interventions toujours très remarquées, que Jade, l'ancienne candidate de "La villa des coeurs brisés", rebaptisé "La villa" dans sa huitième saison. Tout aussi inspirante.