"Oui, c'est ce qu'il dirait..."
Ca, c'est l'un des nombreux messages abondamment tweetés ces derniers jours au sein du web anglophone. Jusqu'ici, rien de grave. Sauf que ce "il" désigne une femme : Melania Trump. Les internautes s'en prennent violemment et quotidiennement à l'ex First Lady des Etats-Unis. Et quand l'on dit "le web", il s'agit plus précisément, ironie du sort... Des potentiels supporters de son mari, Donald Trump.
Sur les réseaux sociaux, tout un pan de la sphère d'extrême-droite ou "fachosphère", est effectivement en train de répandre la rumeur selon laquelle Melania Trump serait en vérité un homme. Sexisme affolant et transphobie abjecte s'associent en un tout bien nauséeux.
Mais d'où vient au juste cette rumeur ?
C'est simple, et déplorable : cette "fake news" a été créée suite à la prise de position de Melania Trump... En faveur du droit à l'IVG. C'est ce que l'on appelle communément un "retour de bâton".
On vous explique tout.
Melania Trump, en faveur du droit à l'avortement ?
En tout cas, c'est que suggèrent ses imminentes Mémoires, où la femme de pouvoir affirme notamment : "Pourquoi quelqu’un d’autre que la femme elle-même aurait le pouvoir de déterminer ce qu’elle fait de son corps ? Le droit fondamental à la liberté individuelle dont dispose une femme lui donne l’autorité d’interrompre sa grossesse si elle le souhaite. Les femmes doivent être libres !".
Une formulation très pro choix aux antipodes des positions de son mari... Qu'elle pourrait même convaincre d'ailleurs (on vous en parle ici). Et il n'en fallait pas plus pour susciter l'ire de la "fachosphère" américaine, s'attaquant par le biais de suppositions complotistes à la crédibilité et à l'intégrité de Melania Trump.
Vous connaissez certainement la rumeur selon laquelle Brigitte Macron, la Première Dame, serait un homme - calomnie initiée par deux autoproclamées journalistes indépendantes, et qui a engendré un procès récemment. Et bien c'est précisément ce type de fake news à la fois misogyne et transphobe dont fait aujourd'hui l'objet l'ex First Lady.
Il s'agit là, rapporte le média des cultures LGBTQ Pink News, de "vieilles théories du complot" mais surtout d'un phénomène régulièrement employé par les internautes, complotistes, sexistes et réactionnaires pour attaquer une personnalité féminine : le « transvestigating ». Combinaison des mots « trans » et « investigation », cette "trans-investigation" fait référence "aux théories du complot qui prétendent que des individus, généralement des célébrités féminines cisgenres et des personnalités notables, sont secrètement transgenres et cachent leur « véritable » identité de genre au public", précise Pink News.
Théorie nauséeuse qui a pour but de cumuler la haine des femmes et la haine des personnes trans - et plus précisément, la haine des femmes trans. Et se diffuse dans le cas qui nous intéresse de Twitter à YouTube. Comme l'énonce encore le média queer, bien avant Melania Trump, Michelle Obama a l'unisson se retrouvait au coeur des mêmes insinuations qui virent volontiers au cyber harcèlement.
Cette actualité nous rappelle que derrière la haine anti-trans se cache bien souvent une haine des femmes en général. Et ce, quelque soit le bord politique : aux Etats-Unis, Démocrates et Républicaines se retrouvent ciblées par la même véhémence crasse. Au secours ?