"Si je suis réélu les femmes seront heureuses"
Quand un discours commence ainsi, on se doute que les promesses sont d'emblée un peu trop belles pour réellement se concrétiser. Et quand c'est Donald Trump qui parle, la chose devient expérimentale... En pleine course à la présidentielle dans l'espoir de retrouver la Maison Blanche en novembre prochain, le candidat Républicain s'est rendu en Pennsylvanie ce lundi 23 septembre pour s'adresser à un pan non négligeable du peuple américain : les électrices.
L'équipe des "Femmes avec Donald Trump" semble s'être amoindrie depuis 2016, et le rival de la vice présidente Kamala Harris tient donc à gagner des bons points. Il s'est donc exprimé pour rallier la gent féminine. En tenant ces paroles, directement rapportées par CNN : "Je veux que les femmes soient juste en bonne santé, confiantes et libres"
"J’ai toujours pensé que les femmes m’aimaient. Mais les fake news continuent de prétendre que les femmes ne m’aiment pas ! Je n’y crois pas du tout", a encore affirmé le milliardaire. D'aucuns jugeront de la pertinence de cette observation.
"Je suis votre protecteur. Je veux être votre protecteur. En tant que président, je dois être votre protecteur", a par la suite listé de plus belle à l'adresse de la gent féminine le Républicain, avec la rhétorique qui le caractérise - répéter des mots forts en offrant quelques déclinaisons.
"Si je suis réélu, vous ne penserez plus à l'avortement, parce qu’il est là où il a toujours dû être, avec les États et avec le vote du peuple". Curieuse assertion que celle-ci, qui laisse libre cours à bien des décryptages politiques... Et des piqûres de rappel.
Comment interpréter ces mots de Donald Trump ?
C'est simple : d'aucuns y voient du "feminism washing", du féminisme opportuniste : des enjeux d'égalité déployés dans un souci de fédérer, plus par stratégie politique pure que par honnêteté intellectuelle et militantisme réel. Une pratique devenue commune dans la publicité, la mode, l'industrie du divertissement...
Madame Figaro voit là une initiative indissociable des récents résultats des sondages, qui aurait pour but de devancer Kamala Harris auprès de l'opinion : "ces remarques surviennent alors qu’il est en mauvaise position avec les électrices. Selon les sondages, Kamala Harris devance Donald Trump de neuf points chez les femmes. Et au niveau national, la candidate démocrate conserve également quelques points d’avance".
En outre, rappelle à ce titre CNN, "un sondage de notre chaîne a révélé que les électeurs potentiels à l’échelle nationale étaient en faveur de l’approche de Kamala Harris sur l’avortement (52 %) contre celle de Trump (31 %). Il est clair que Trump fait face à des vents contraires politiques sur la question du droit à l’avortement"
"Une large majorité (58 %) des électeurs ont effectivement déclaré qu’ils voteraient en faveur d’une mesure de référendum visant à établir un droit à l’avortement dans l’État, tandis que 35 % s’y opposent", énumère encore la célèbre chaîne d'informations américaine. L'enjeu de l'avortement est loin de susciter l'adhésion aux Etats-Unis, mais ce clivage pourrait être en faveur de Kamala Harris...
A l'inverse, ce "vous ne penserez plus à l'avortement", formule trouble, rappelle également l'engagement de l'ancien président en défaveur de ce droit fondamental. Au sein d'une nation où, depuis 2016, la répression s'est exacerbée au fil des Etats à ce sujet. Surtout depuis la révocation de l'arrêt historique Roe v Wade par la Cour Suprême en 2022. Ainsi en Pennsylvanie par exemple, le droit à l'avortement existe encore, mais témoigne de restrictions qui en bloquent l'accès à bien des femmes concernées.