À choisir, c'est une émission que l'on ne regarde pas. "L'heure des Pros", présentée par Pascal Praud, sur Cnews réserve chaque semaine son lot de propos sexistes ou racistes. Le 15 janvier, le débat sur la baisse de natalité en France n'y a pas fait exception.
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La conversation entre les invités, dont aucun n'était expert du sujet, partait des chiffres de l'Insee publiés la veille. On découvrait ainsi que la France comptait 68,6 millions d'habitants au 1er janvier 2025. La population a donc augmenté de 0,25% l'année dernière, ce qui est «très légèrement inférieur» à l'augmentation observée entre 2022 et 2023. Toutefois, le nombre de naissance -663.000- est le plus faible sur un an depuis 1946.
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Interrogés sur les raisons expliquant cette baisse des naissance, les invités y sont toutes et tous allés de leur théorie les plus fumeuses. Pour Sarah Saldmann, avocate, c'est à cause des téléphones portables. "Chacun préfère s'endormir sur son téléphone et ne pas se parler plutôt que de faire l'amour", avance-t-elle.
Pour rappel, cette invitée régulière de Cnews est notamment connue pour ces propos, tenus le 8 juin 2022 dans l'émission les Grandes Gueules sur RMC : "À titre personnel, je me fous de l'écologie, ça ne m'intéresse pas, je vois d'abord mon intérêt et ensuite éventuellement celui de la planète. Je prends deux bains par jour, j'adore ça."
Plus tard, une explication plus probante est donnée par le journaliste Thomas Bonnet, qui évoque la difficulté croissante à se loger et à boucler les fins de mois, qui entrave sûrement la volonté de faire des enfants. Face à cette suggestion, silence, puis le présentateur s'empresse de donner la parole à quelqu'un d'autre. Forcément, dés que ça devient un tout petit peu intelligent, il devient plus compliqué de débiter des inepties.
Et la parole est donné à l'invité qui est peut-être le moins légitime de tous à répondre à cette question : Richard Millet, écrivain de 71 ans. Pour lui, c'est clair, la natalité baisse en France car "les hommes commencent à avoir vraiment peur des femmes, peur au sens très large". Une théorie soutenue un peu plus loin dans l'émission par le journaliste Eric Nolleau, ancien acolyte d'Eric Zemmour. "Quand vous tenez la porte à une femme, au mieux elle doit être qualifiée de suppôt du patriarcat, au pire de fasciste", déclare-t-il.
Voilà, on y vient, la France court à sa perte à cause de Me Too.
La deuxième explication de Richard Millet est encore plus ubuesque. D'après ce que l'écrivain "voit au Bois de Vincennes", les familles sont désormais composées de 2 enfants et d'un chien. Sa conclusion : "le chien a remplacé (un troisième enfant ndlr) parce qu'il pose moins de problèmes et il coûte moins cher". En voilà une expertise !
Le meilleur reste à venir. George Fenech, député Les Républicains, suggère de "rétablir un ministère de la famille". Une mesure qui n'est pas sans rappeler la devise du maréchal Pétain, "travail, famille, patrie". Pour rappel, cette devise était celle instaurée par le chef du régime de Vichy, condamné à la prison à perpétuité pour avoir collaboré avec Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale. Un fait d'histoire que lui fait remarquer Pascal Praud et à quoi il répond : "ça me va très bien".
Selon les véritables experts, les raisons à cette baisse sont loin de celles qui ont été évoquées ici. Les spécialistes interrogés par France Info évoquent plutôt "les difficultés économiques, les problèmes de logement, les modes de garde encore trop rares, les inquiétudes quant au contexte géopolitique ou encore l'éco-anxiété." Spéculer ou s'informer, le choix est fait.