
L'industrie musicale, sexiste et âgiste ?
Oui, selon Sheila, qui s'est permise de tacler ce milieu qu'elle ne connaît que trop bien depuis un demi siècle. Sur les ondes de RTL, la légende disco rhabille le show business pour l'hiver en plein mois d'avril. Et fustige : "L'industrie musicale c’est un monde d’hommes géré par des hommes qui, de toute façon, ne supportent pas que les femmes passent 40 ans. On nous cache !".
Un discours qui sent le vécu et qui suggère l'engagement féministe assumé de l'artiste, de plus en plus affirmé ces dernières années. Ces dernières semaines, l'interprète dénonce volontiers d'une interview à lautre la misogynie interne à la scène musicale, ses discriminations "anti-septuagénaires", et apporte son soutient au mouvement #MeToo, et plus encore #MusicToo, le #MeToo de la musique.

Mais elle ne s'arrête pas là.
A Éric Dussard sur RTL, la chanteuse tacle encore avec minutie : "La femme ne vieillit pas, elle n’a pas le droit de vieillir. Donc elle se retire. Que ce soit Julien Clerc, Alain Souchon, tous les hommes, on vante leur carrière, on passe leur album. Mais toutes les femmes, nous, on n’est pas là. Mais pourquoi on n’est pas là ? On a fait les mêmes carrières que les mecs !"

Il est vrai que dans l'industrie et au gré des charts, le ton est plutôt au jeunisme.
Les voix féminines qui nous sont les plus familières de radios en interviews ont la vingtaine, la trentaine, au sein du paysage francophone. Clara Luciani, Angèle, Helena, Juliette Armanet, Santa, Zaho de Sagazan, représentent une seule, au mieux deux générations. Les artistes quadras, quinquas, sexas, même les plus emblématiques, paraissent plus confidentielles, invisibilisées.
Et Sheila d'achever : "On ne passe pas en radio. Alors qu'aux États-Unis, vous avez Tina Turner, Gloria Gaynor, Diana Ross, toutes ces dames-là, elles ont un tapis rouge pour le respect de la carrière". A l'unisson de sa réflexion amère, on vous invite à (re)lire une passionnante enquête - dont on vous en parle en long et en large sur Terrafemina - à l'intitulé éloquent : Qui a peur des vieilles ?