
L'argent, c'est la liberté ?
Si l'adage peut sembler subtilement pro capitaliste, il peut se revêtir d'une couleur délicatement féministe. C'est en tout cas ce que défend une icône de la chanson française : Sheila. Et si la grande dame de la culture disco s'exprimait au diapason des popstars pas vraiment socialistes tendance Beyoncé, Rihanna et Britney ? Tout est possible.
La preuve, au micro d'Europe 1, elle assène aux auditrices : "Gagnez votre vie !". Et en vérité, ce ne sont pas des paroles en l'air. Car l'interprète évoque une situation bien précise où le portefeuille importe plus que tout...

A Europe 1, Sheila développe : "Je pense que si vous êtes capable, quand vous vivez avec un homme, de prendre votre valise en lui disant : ‘tu sais quoi, je t’*****, je prends ma valise et je m’en vais car je peux me demerder toute seule’ ça c’est la liberté". Voilà de quoi il est question en somme : de conserver une forme de liberté, ou la possibilité de celle-ci, au sein de la vie à deux, d'autant plus si celle-ci peut devenir toxique. "Les filles, croyez en quelqu'un qui a l'habitude, c'est important. Moi, j'ai ocnnu l'époque où les femmes demandaient à leur mari si elles avaient le dorit de s'acheter une paire de bas !"
L'émancipation des femmes passerait-elle par la liberté financière ? Sheila défend cette idée, et elle a bien raison de le faire. Car c'est un enjeu qu'elle soulève...

Cet enjeu, c'est celui de l'emprise financière, ou emprise économique, aussi intitulée exploitation économique. Autrement dit, l'état de dépendance financière alarmant dont peut souffrir une conjointe au sein d'une relation conjugale toxique et/ou violente. Cette situation critique l'oblige souvent à demeurer dans un foyer qui pourtant l'accable, et peut être source de manipulations diverses. Le conjoint assoit sa domination via cette ascendance économique.
Via l'argent s'exercent des rapports de pouvoir.
Un jeune et brillant romancier français l'aborde très bien : Edouard Louis. Il a dédié un roman à la fuite de sa mère, Monique, quittant une relation de couple humiliante... Mais en souffrant de son manque de moyens. C'est donc son fils qui est venu l'aider financièrement afin qu'elle puisse faire ses valises sans crainte du lendemain.

"Quand ma mère s'est enfuie de chez cet homme qui la maltraitait, et qui une fois saoul la traitait de pute, de salope, je me suis demandé... Quel est le prix de la liberté ?", s'interrogeait le romancier sur les ondes de France Inter en 2024. "Car quand elle est finalement partie, il a fallu lui trouver un logement, payer une caution, lui acheter des meubles. Mais qu'est ce qu'aurait fait ma mère si je n'avais pas pu l'aider ? Et combien de femmes veulent partir mais ne peuvent pas ?".
Au diapason, une autre parole résonne : celle de Serena Williams.
Oui oui.
"Il est important d'utiliser ma voix pour attirer l'attention sur les obstacles auxquels les femmes peuvent être confrontées lorsqu'elles tentent de partir", affirme-t-elle du côté du site Woman's Day. "Lorsque vous devez utiliser vos cartes de crédit ou être obligée de présenter des reçus pour chaque centime que vous dépensez, c'est la liberté de choisir qui vous est retirée".