Encore.
De nouveaux témoignages accablants se font entendre contre l'Abbé Pierre, neuf précisément, s'ajoutant aux 24 antérieurs, détaillés dans deux rapports, cumulant des faits présumés s'étalant des années cinquante à 2005. Cela fait depuis juillet 2024 que les accusations se multiplient à l'encontre de cette figure sacrosainte décédée en 2007. Certaines personnes étaient mineures au moment des faits présumés.
Et cette fois-ci au sein de l'émission Envoyé Spécial, qui lui dédie sa nouvelle enquête, que ces allégations sont dévoilées. Gestes "déplacés", attouchements, agressions sexuelles, viols... .
Parmi ces paroles qui s'énoncent : celle de Danièle Moulin. Danièle Moulin, aujourd'hui âgée de 73 ans, connaît bien l'Abbé. Elle était son assistante en 1972, lors d'une mission humanitaire au Bangladesh. A l'époque des faits présumés, Danièle avait 21 ans, l'Abbé Pierre en avait 60.
Et face aux caméras de France Télévisions, elle accuse le religieux de violences sexuelles multiples. On l'écoute : "Tous les soirs, il me demandait de le rejoindre dans sa suite pour faire le bilan de la journée et il m'expliquait combien il était seul et souffrait de carence affective. C'est là qu'il a eu des gestes déplacés, des attouchements de sa part".
"J'ai subi plusieurs soirs de suite des attouchements de sa part qui pouvaient aller assez loin... Des choses sur lui que je ne dirais pas, des attouchements sur ma poitrine et sur des espaces intimes... Je l'ai vu se dénuder et faire des choses sur lui que je ne dirais pas"
Mais la septuagénaire ne s'arrête pas là.
"Aussi bizarre que ça puisse paraître, je l'ai laissé faire... jusqu'à un certain point"
Ce que va décrire en ces mots l'ancienne assistante, c'est également une relation de manipulation et de possession affective et psychologique, régie par des rapports de pouvoir et de manipulation hiérarchique ("Je n'étais pas consentante, j'étais sous une forme d'emprise", relate-t-elle encore), qui prend apparemment diverses formes. Mais où transparaissent des agressions sexuelles supposées, multiples. Elle raconte avec gravité : "Ma limite c'était toute pénétration... Durant ces agressions, j'éprouvais une sorte de dégoût et une pitié pour l'homme".
Et ce n'est pas tout...
On peut aisément lire entre les lignes dans ce que décrit celle qui accompagné le prêtre : elle témoigne d'un baiser forcé, d'une scène de masturbation, "d'attouchements" à la poitrine, notamment. "Des actes qui se sont répétés durant plusieurs jours lors de ce voyage", précisent par ailleurs nos confrères de franceinfo.
"Il apparaît dans ces témoignages que l'abbé Pierre avait mis en place des mécanismes de mise sous silence des victimes, notamment par des propos ou comportements menaçants", détaille le rapport du groupe Egaé, qui a recueilli ces prises de parole entre septembre et décembre 2024. Face à ces paroles libérées, certaines mesures portent à controverse, comme le changement de nom de la Fondation Abbé Pierre, la fermeture définitive du lieu de commémoration consacré à la mémoire de l'abbé, le changement de nom de certains établissements scolaires, de rues. La supression de fresques et de monuments...
On vous en parle ici en détails. Adrien Chaboche, délégué général d'Emmaüs International, est plutôt clair à ce sujet : "Désormais l'abbé Pierre c'est, pour tout le monde, mais particulièrement pour les personnes qui ont été des victimes de violences dans leur vie, c'est l'image d'un prédateur sexuel".
L'enquête d'Envoyé Spécial sera à visionner ce 16 janvier à 21h10 sur France 2. Elle promet de faire beaucoup réagir.