"Une grosse dépression nerveuse"
Une série peut-elle être à ce point toxique qu'elle malmène la santé-même de ses interprètes ? Clairement, à en croire le témoignage d'une star, celle du très controversé show The Idol. La production HBO imaginée par le showrunner de la déjà très sulfureuse Euphoria brise aujourd'hui le silence pour en révéler les coulisses.
Etrillée par la critique, bouleversée par une production cauchemardesque, la série "The Idol", avec Lily-Rose Depp et The Weeknd, a surtout été fustigée pour son mauvais goût, l'hyper sexualisation de son actrice principale, la plupart du temps dénudée, et sa reprochée glamourisation des violences sexuelles. Love story entre une chanteuse pop et un propriétaire de boîte de nuit, la série passée par Cannes fut également un enfer... Et bien pour The Weeknd justement, mégastar de l'industrie musicale, improvisée comédien.
Mais pourquoi donc ?
C'est très simple : Abel “The Weeknd” Tesfaye explique que The Idol a suscité chez lui une véritable dépression nerveuse. A l'époque, tournage de la série et promotion se voient assurées en parallèle de la tournée de l'artiste, suscitant chez ce dernier une énorme fatigue. "Il y avait beaucoup de pression auto-imposée : prendre l’avion pour Los Angeles entre les concerts, entrer dans la peau du personnage, tourner, puis revenir pour le spectacle suivant... Ca a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, mec", déclare aujourd'hui la mégastar.
"Production tumultueuse et accueil controversé" n'ont guère aidé, relate IndieWire. Surtout que le rappeur s'est senti "personnellement" attaqué à travers les retours désastreux de cette chaotique romance, jugée "anti #MeToo" au possible. "Je savais que j'avais vraiment besoin de m'asseoir et de comprendre ma vie, de comprendre ce qui s'était passé, d'y faire face, d'apprendre quelque chose de nouveau et de recommencer. J'avais eu une sorte de dépression nerveuse, ce qui est à peu près le sujet de mon nouvel album", développe l'interprète.
Dans les coulisses de The Idol, de multiples fiascos, résument nos confrères de Allociné : une réalisatrice qui claque la porte en plein tournage pour "divergences créatives majeures", une guerre d'egos entre The Weeknd et les scénaristes, des coûts surpassés d'une manière vertigineuse (entre 54 et 75 millions de dollars de budget "de trop")...
Et à l'arrivée, de jolies punchlines dans la presse, qualifiant The Idol de "fantasme masculin sordide", "plus toxique et bien pire que ce que vous avez entendu", jusqu'à cette attaque impitoyable de Télérama : "la complaisance avec laquelle Sam Levinson filme Lily-Rose Depp en train de se masturber ou d’accepter sans broncher les fantasmes sadomasos éculés de The Weeknd pousse à interroger les motivations du créateur".
20 Minutes de son côté synthétise les saillies tout en séparant le bon grain de l'ivraie : c'est avant tout et malgré ses gros défauts (comme son abondance de séquences sexuelles très frontales) une série "au destin tragique" (maudite ?) que l'on pourrait comparer aux oeuvres choc et expérimentales de Gaspar Noé, effets stroboscopiques et goût invétéré de la provoc' compris... Une satire peut être trop vite condamnée pour ce qu'elle dénonce, entre emprise, violences et traumatismes ?