Les femmes trans sont des femmes.
Une fois cette vérité ravivée - ca semble évident, ca ne l'est pas pour tout le monde - introduisons l'une des voix qui fait le plus gloser dans le petit monde du PAF ces derniers jours : Ouryel. La jeune femme est l'une des candidates remarquées de "Frenchie Shore". Autrement dit, la version frenchie de la plus trash des émissions de téléréalité : le "Jersey Shore" américain.
Un show épicé, sexuel, frontal, très "explicit lyrics".
Dans ce monde déjà bien bigarré, Ouryel détonne, et pour cause : c'est une femme trans. On vous met au défi d'en chercher d'autres au sein de la téléréalité française. On pense évidemment à Jade, la candidate de "La villa des coeurs brisés", rebaptisé "La villa" dans sa huitième saison.
Mais hormis cela, le vide est glaçant.
Et la parole forcément retentissante d'Ouryel fait donc bouillir. Elle suscite les remarques des pingouins qui glissent le moins loin sur la banquise. Ou des lames les moins affutées du tiroir, au choix. Malheureusement prévisible dans un pays meurtri par un fléau : la transphobie décomplexée.
La jeune femme a réagi à cette haine...
Dans l'un des épisodes de "Frenchie Shore", Ouryel a fait son coming out trans. "Je décide de voir tout le monde. Je vois les rapprochements que j'ai avec les mecs. Et je me dis : avant que ça aille trop loin, il faut que je sois honnête par-rapport à quelque chose me concernant", expliquait la candidate.
Et les réactions de ses collègues furent magiques : "Cette meuf, elle m'impressionne", "Il faut vraiment avoir les épaules solides pour faire ça", "Je trouve ça courageux", "Je suis content qu'elle le dise car beaucoup n'auraient pas assumé". Mais tout le monde ne partage pas cette bienveillance.
Ouryel a rapidement fait l'objet d'une vague de haine transphobe sur les réseaux. Et ce, dans une société où le nombre de violences commises à l'encontre des trans aurait augmenté de 27 % en un an - selon une étude de SOS Homophobie, relayant les témoignages de 1 506 personnes.
Nausée à laquelle elle vient de réagir à Konbini : "Sur les réseaux, la transphobie était au rendez-vous, et je m'y attendais. Je réunis quand même pas mal de critères ce que les gens aiment bien critiquer dans la société".
"Me dire 'Tu n'es pas une femme', c'est quelque chose qui ne va pas servir à grand chose, car je suis qui je suis ! Les commentaires transphobes qui me mégenrent, pareil [qui genrent Ouryel au masculin, ndlr]. Pour moi, c'est de la provocation. On ne changera pas qui je suis !"
Pas de temps pour la haine, donc. Et un témoignage qui compte au lendemain d'une journée de commémoration et de rassemblement : le Jour du souvenir trans. Elle poursuit :
"Mon coming out dans l'émission, c'est je pense l'un des premiers coming out trans de l'histoire de la télévision française. Je voulais amener ça d'une manière un peu pédagogique, en évoquant mon physique. C'est la chose qui a le plus fait parler dans les premiers épisodes"
"Les femmes trans sont en minorité à la télévision. Les productions ont peur de mettre en avant des femmes trans. On ne sait pas comment ça va être reçu ! Le sujet est encore très tabou. Il faut démocratiser ce que nous sommes. C'est donc important pour moi de le dire et de l'assumer"
Respect. Et courage à elle !