
"Il y a une haine des hommes..."
Le 1er avril dernier, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture une proposition de loi à l'intention cruciale : modifier la définition légale du viol dans le Code pénal, afin d'y intégrer la notion de consentement. Car le viol "est également défini par l’absence de consentement". Un changement majeur sur un enjeu de première importance : on vous en parle dans cet article.
Mais cela ne plaît pas beaucoup à Pascal Praud.

Qui a partagé sa perplexité sur le plateau du talk show L’heure des Pros 2, sur CNews, déplorant à ses très nombreux spectateurs lors d'un débat lunaire : "Il y a beaucoup de femmes qui n’ont pas eu la chance d’être regardées par les hommes et qui de ce fait, nourrissent parfois contre eux un sentiment de revanche. Il y a parfois une vengeance, une rancœur".
Tout un poème. Et qui ne s'arrête pas là...
Pascal Praud poursuit à ce sujet, dans une quête de modération plus prononcée : "A l’inverse, il y a beaucoup d’hommes qui sont très misogynes parce que les femmes ne les ont jamais regardés de leur vie".

Mais le mal était fait : sa première prise de parole avait déjà suscité la polémique, à juste titre. Pour cause, elle fut couplée avec celle de sa consoeur Elisabeth Levy, sur le même plateau, affirmant en une envolée lyrique : "Derrière MeToo et la prétendue volonté de justice, il y a une haine de la sexualité, une haine du désir masculin et une haine des hommes".
On reconnait là la rhétorique anti-MeToo telle que l'instigatrice du compte instagram Préparez vous pour la bagarre la décrypte pour Terrafemina dans cet article très détaillé : victimes menteuses et haineuses, haine des hommes, chasse aux sorcières, etc.
Et cela a beaucoup fait réagir...

"Pascal Praud est en pleine culture du viol sur CNews lorsqu’il aborde le sujet de l’inscription du non-consentement dans la loi française", déplore ainsi le média en ligne féministe L'effrontée. Des mots forts.
La culture du viol, c'est le fait d'euphémiser les agressions sexuelles et leur impact sur les victimes. Voire, de les nier tout à fait. Mais également, de colporter des fantasmes et des mythes sur ces violences. Sans craindre souvent d'inverser la culpabilité victime/agresseur. C'est la fameuse rhétorique du : "elle l'a bien cherchée"... Ce que l'on appelle plus communément, du "victim blaming" : blâmer la victime.

"C'est aussi le fait d'accabler leurs victimes de viol en remettant en question leur récit, en les questionnant sur leurs actes, leur tenue, afin d'insinuer un doute, ou d'inverser le processus de culpabilité et de responsabilité que seul l'agresseur est censé ressentir... Ce qui passe beaucoup par les mots que l'on met, ou que l'on ne met pas, sur la notion de consentement", explique-t-on dans ce décryptage.
Ce qui, vous en conviendrez, ne semble guère pertinent lorsqu'il est question d'une loi sur le viol.
Cette séquence médiatique a tant scandalisé qu'ne députée a annoncé saisir l’Autorité de régulation des médias, rapportent nos confrères de Ouest France.
Quant à la mesure sur l'intégration de la notion de consentement à la définition du viol, le média féministe en ligne Adelphité précise : "Un renversement juridique majeur. Mais encore incomplet. Le vote n’est qu’une étape législative : la proposition doit désormais être examinée par le Sénat. En attendant la suite du parcours législatif, ce vote acte une chose : la reconnaissance politique que le consentement doit être central dans la loi. Encore faut-il qu’il le devienne dans les faits"