"On ne peut pas se contenter de soutenir Gisèle Pélicot !"
Sandrine Rousseau elle aussi a son mot à dire sur le procès des viols de Mazan, ou "affaire Pélicot".
Ses prises de position féministes régulières ne pouvaient l'amener qu'à une conclusion : ce à quoi nous assistons est historique. Ou en tout cas, doit le devenir : c'est l'heure d'une prise de conscience globale des violences sexuelles dans notre société. Face au calvaire de Gisèle Pélicot, qui au tribunal fait aujourd'hui face à son mari Dominique Pelicot, accusé d’avoir drogué son épouse afin de la violer et la faire violer par des dizaines d’inconnus, alors qu'elle était sous soumission chimique.
Les viols avaient lieu en grande partie au domicile du couple à Mazan. Le nombre d'agresseurs et violeurs est estimé à une cinquantaine, de toutes professions. "Mazan est une petite ville, et il a suffi de passer une annonce pour que cent hommes se disent prêts à aller violer une femme qui était dans un état de coma... Si certains ont refusé, aucun n’a dénoncé... ", déplore l'élue écologiste au micro de franceinfo soir, avant de l'affirmer haut et fort : "On ne pourra pas se contenter juste de cet soutien à Gisèle Pelicot, il va nous falloir interroger notre rapport entre les hommes et les femmes".
Mais comment ? En ayant conscience d'un phénomène, déjà...
Pour la femme engagée, c'est effectivement une certitude : "ce procès n'est pas le procès d'un fait divers exceptionnel, mais le procès d'un rapport social..". Et Sandrine Rousseau de mettre les points sur le si avec une expression bien particulière : "Ce procès est celui de la culture du viol"
C'est quoi, la culture du viol ?
Concept venu des Etats-Unis sous le nom de "rape culture", la culture du viol désigne la manière dont l'on (justice, médias, citoyens) tend à euphémiser de manière générale les violences sexuelles, voire à atténuer leur gravité, quand il ne s'agit pas simplement de nier leur existence. D'un côté, cette "culture", qui est une suite de processus, consiste à presque excuser les coupables de violences, et de l'autre, à remettre constamment en question les victimes - leur attitude, comme leurs propos, étant considérés comme des motifs accablants.
L'un des grands axes de la "culture du viol", c'est le victim blaming : le fait d'accabler leurs victimes de viol en remettant en question leur récit, en les questionnant sur leurs actes, leur tenue, afin d'insinuer un doute, ou d'inverser le processus de culpabilité et de responsabilité que seul l'agresseur est censé ressentir... Ce qui passe beaucoup par les mots que l'on met, ou que l'on ne met pas, sur la notion de consentement. La culture du viol peut s'exprimer à travers une simple phrase, comme le fameux : "Elle l'a bien cherché". Ou : "Elle n'a pas dit non".
Pour Sandrine Rousseau, la culture du viol a tout à voir avec cette affaire, et notamment tout ce qui est dit durant ce procès. Effectivement, le "victim blaming", on y pense également lorsque Gisèle Pelicot fait face aux questions de la défense, comme : "Vous n'auriez pas des penchants exhibitionnistes ?". Ou : "il y avait, au sein du couple Pelicot, un jeu sexuel, même s'il ne s'agit pas de discuter d'une quelconque moralité". Ou encore, lors de la diffusion de photos intimes durant le procès : "On ne voulait pas que ce soit diffusé devant tout le monde. Vous êtes en colère, mais vous êtes aussi responsable de cette diffusion !"
Des échanges synthétisés dans ce compte-rendu. En retour, Gisèle Pélicot elle-même s'était exprimée ainsi : "Je comprends que les victimes de viol ne portent pas plainte : on passe par un grand déballage où on nous humilie !". Une démonstration de "victim blaming"...