






“Au Japon, briser le tabou du viol expose à une forme de stigmatisation”
Ca, c'est que déclare dans Télérama une voix majeure du mouvement #MeToo... Au Japon, donc. Elle, c'est Shiori Itō, journaliste victime de viol et de soumission chimique qui a décidé de briser le silence en relatant sa quête de justice, insatisfaite depuis une longue décennie, la confrontation pénale avec son agresseur, mais aussi l'état d'une société patriarcale entière, dans un documentaire inédit.
Avec Black Box Diaries à découvrir en salles dès ce 12 mars, Shiori Itō veut aborder frontalement le sujet du viol au Japon. Elle y dénonce l'omerta, ultra banalisée dans son pays d'origine, et une forme de censure qui règne et silencie. C'est un film fondamental et si exceptionnel que l'académie des Oscars l'a nommé dans la catégorie Meilleur documentaire de sa dernière édition.
Ce qui a valu à ce témoignage un retentissement mondial.
Shiori Itō a décidé de parler, quitte à prendre des risques.
Puisqu'elle dénonce un autre journaliste très proche des figures haut placées au sein du pouvoir en 2015, et, plus globalement, l'incapacité d'un système entier à rendre justice aux victimes de violences sexuelles au Japon, ainsi que l'impunité dont elle va fustiger le systématisme, elle en a déjà largement subit les conséquences. A savoir, des pressions diverses, mais également l'interdiction de Black Box Diaries dans son pays d'origine.
Les spectateurs japonais ne peuvent donc pas le voir en salles.
La réalisatrice s'en attriste, chez Madame Figaro, et épingle un tabou sociétal : "Au Japon, l’injustice vaut mieux que la honte. Personne n’ose parler, surtout pas les femmes, et 96 % des viols ne sont pas signalés. Seulement 4 % des victimes portent plainte. Et quand plainte il y a, il faut être une “victime parfaite”. "
Et la journaliste, elle, souffre également de l'impossibilité de revenir chez elle. "Aujourd’hui exilée au Royaume-Uni, Shiori Itō, devenue une figure emblématique du mouvement MeToo, fait le tour du monde avec son film, jusqu’à sa récente nomination aux Oscars. Il est pourtant un pays qui reste tragiquement sourd à ses revendications, à savoir le Japon", déplore franceinfo.
Shiori Itō s'y attendait.
La publication de son livre, La boîte noire, où elle relate son viol, mais également la "complexité" de la justice et le traitement très discutable des victimes au sein du pays, et l'importance de libérer la parole en cohésion avec l'élan féministe, avait déjà scandalisé en 2017. Aujourd'hui, avec son film, la reporter concilie journal intime et investigation, documents à l'appui. Un combat qui perdure depuis une décennie.
Raison de plus pour accourir en salles ?