Depuis 1961, la loi indienne interdit la pratique de la dot. Cette coutume, qui consiste à sceller un mariage par la donation de biens par la famille de la mariée à celle de son époux, est profondément enracinée dans le système social indien. Elle est très pratiquée dans le pays, même par les familles éduquées et appartenant aux classes sociales les plus élevées. À l'origine de très nombreux conflits conjugaux et familiaux, la coutume de la dot serait, selon le Bureau national des registres criminels, à l'origine de la mort de 8 233 femmes en 2011. Toujours selon ce dernier, une femme succomberait toutes les heures à la violence de son mari ou de sa belle-famille contre elle, suite à un conflit concernant la fameuse dot. Un chiffre inquiétant, qui avec les cas toujours plus nombreux de viols collectifs, témoigne encore du peu de considération qu'a la société indienne pour les femmes.
Selon les associations indiennes militant pour les droits des femmes dans le pays, le boom économique du pays a grandement contribué à relancer la coutume séculaire de la dot. La croissance économique du pays a aussi rendu les hommes qui la pratiquent plus avides, exigeant que la famille de la mariée paye une dote toujours plus importante, dont il leur est souvent impossible de s'acquitter.
Les futurs époux, ou la famille de ces derniers, n'hésitent pas, en cas d'impayés, à s'en prendre violemment aux femmes, jugées responsables de la dot trop faible. Ces dernières sont alors assassinées, souvent empoisonnées ou brûlées vives. Des faits divers sordides, qui font régulièrement la Une de la presse indienne. Le 23 août dernier, le quotidien Times of India rapportait le supplice d'une femme mariée de 25 ans, brûlée à l'acide par sa belle-famille parce que ses parents n'avaient pu s'acquitter du montant de la dot : « Ils m'ont attaché les mains et m'ont injecté de l'acide dans mon oreille gauche à l'aide d'une seringue. Ils m'ont aussi injecté de l'acide au niveau de la taille et de l'abdomen et m'ont forcée à en boire », relate Elle.
Ces féminicides, relayés par centaines dans les médias, sont d'autant plus graves et scandaleux que la justice peine à en poursuivre les auteurs. Kamini Jaiswal, avocat à la cour suprême, explique : « Il est nécessaire de condamner rapidement les coupables. Notre procédure judiciaire est devenue très lente. La police n'enregistre pas les plaintes dès le début ». Des procédures policières très lentes et des failles juridiques qui confortent l'impunité des assassins. Selon le Bureau national des statistiques, cité par Le Monde, le taux de condamnation des crimes de dot atteint seulement 32%.
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