Rien de pire que de se rendre chez le médecin et de ne pas se sentir prise au sérieux. Pourtant, c'est bel et bien la réalité pour de nombreuses femmes, si l'on en croit les chiffres du dernier Indice d'écart de douleur entre les genres, publié par Nurofen. Les chercheurs l'affirment sans détour : "La souffrance des femmes est systématiquement négligée dans les soins de santé, sous-représentée dans la recherche et rejetée en raison de préjugés sexistes profondément ancrés. Leur douleur est donc incomprise et mal traitée." Voilà qui est dit.
Le "gender pain gap index" 2024 a été calculé auprès de 5015 adultes britanniques. Le constat est attristant, particulièrement pour les jeunes : 81 % des femmes âgées de 18 à 24 ans ont déclaré que leur douleur avait déjà été rejetée, voire ignorée par un membre du personnel médical (c'est le cas pour 73 % des hommes du même âge). Une femme sur 10 a également vécu son premier manque d'écoute par un médecin entre ses 10 et 15 ans.
Les jeunes filles ne sont pas les seules concernées par un manque d'attention à l'égard de leur santé. 56 % des femmes de plus de 45 ans ont vu leur douleur ignorée ou rejetée, contre 43 % des hommes du même âge. De façon globale, le nombre de femmes dont la souffrance a été balayée par les docteurs a augmenté de 27 % depuis 2023. Chez les hommes, le chiffre a quant à lui réduit de 2 %.
Malheureusement, le fossé entre la prise en charge des douleurs des hommes et celle des femmes ne date pas d'aujourd'hui. Les préjugés systémiques ont la peau dure. Les femmes seraient - c'est bien connu - plus douillettes que leurs homologues masculins (on en reparle quand ils auront leurs règles et qu'ils prendront en charge l'accouchement).
Si l'accès aux soins de santé est limité pour les femmes, les statistiques sont d'autant plus alarmantes pour les femmes noires. En 2022, le Center for Disease Control and Prevention (CDC) américain affirmait déjà qu'elles avaient au moins trois fois plus de risques de mourir pendant la grossesse que les femmes blanches.
Un rapport britannique datant de 2021 et publié par Mbrrace (programme qui étudie les décès maternels et infantiles) était d'autant plus accablant : à l'époque, le risque de mourir pendant la grossesse ou l'année qui suit l'accouchement était d'environ 7 sur 100 000 pour les femmes blanches, 12 sur 100 000 pour les femmes d'origine asiatique et d'environ 32 sur 100 000 pour les femmes noires. Tous ces chiffres prouvent une chose : on n'est encore loin d'une égalité de traitement médical.