santé mentale
Pourquoi les femmes font-elles plus de burn-out que les hommes ?
Publié le 11 octobre 2024 à 16:01
Par Marion Le Coq
Si le burn-out semble toucher de plus en plus de personnes, saviez-vous que les femmes l’étaient plus que les hommes ? Un triste record dont les femmes se seraient volontiers passées et qui prend une nouvelle fois ses racines dans le patriarcat. On décrypte, à l’occasion de la Semaine de la santé mentale, qui a pris place depuis ce 9 octobre.
Pourquoi les femmes font-elles plus de burn-out que les hommes ?
Pourquoi les femmes font-elles plus de burn-out que les hommes ? Expression malheureusement assez populaire de ces dernières années, le burn-out désigne un état d’épuisement émotionnel, physique et mental causé par un stress chronique prolongé et lié au travail. Les personnes atteintes de burn-out ressentent souvent un fort déséquilibre entre l’effort fourni au travail et le résultat, avec cette impression de donner plus qu’elles ne reçoivent, ainsi qu’un sentiment d’absence d’autonomie. Interrogé sur le sujet brûlant du burn-out, le psychosociologue et essayiste Philippe Zawieja nous a révélé que les femmes étaient bel et bien plus à risque que les hommes et ce pour des raisons bien précises. “De façon générale, la prévalence d’affections psychiques est plus présente chez les femmes,” explique-t-il. Et d’ajouter : “Probablement pas pour des raisons biologiques mais plutôt pour des raisons liées à l’orientation vers des métiers qui sont plus exposés au burn-out. Je pense notamment aux métiers du “care”. Ce sont des métiers qui vont traditionnellement être dévolus aux femmes, dans l’affiliation de ce qu’on a longtemps perçu comme étant leur rôle naturel.” Prendre soin des autres est souvent une qualité qu’on a attribuée aux femmes et transparaît par la présence de beaucoup d’entre elles dans des métiers relationnels et qui favorisent le contact humain. Elles sont donc majoritaires dans les métiers “du soin”, ce qui participe à expliquer pourquoi plus de femmes sont touchées par le burn-out. Mais cela signifie-t-il pour autant qu'elles sont moins susceptibles de souffrir d'un burn-out dans les autres professions ?
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La Semaine de la santé mentale, qui a pris place depuis ce 9 octobre, est l'occasion d’explorer des enjeux primordiaux. 

Expression malheureusement assez populaire de ces dernières années, le burn-out désigne un état d’épuisement émotionnel, physique et mental causé par un stress chronique prolongé et lié au travail. Les personnes atteintes de burn-out ressentent souvent un fort déséquilibre entre l’effort fourni au travail et le résultat, avec cette impression de donner plus qu’elles ne reçoivent, ainsi qu’un sentiment d’absence d’autonomie.

Quand la tradition patriarcale se transforme en burn-out

Interrogé sur le sujet brûlant du burn-out, le psychosociologue et essayiste Philippe Zawieja nous a révélé que les femmes étaient bel et bien plus à risque que les hommes et ce pour des raisons bien précises. “De façon générale, la prévalence d’affections psychiques est plus présente chez les femmes,” explique-t-il.

Et d’ajouter : “Probablement pas pour des raisons biologiques mais plutôt pour des raisons liées à l’orientation vers des métiers qui sont plus exposés au burn-out. Je pense notamment aux métiers du “care”. Ce sont des métiers qui vont traditionnellement être dévolus aux femmes, dans l’affiliation de ce qu’on a longtemps perçu comme étant leur rôle naturel.”

Prendre soin des autres est souvent une qualité qu’on a attribuée aux femmes et transparaît par la présence de beaucoup d’entre elles dans des métiers relationnels et qui favorisent le contact humain. Elles sont donc majoritaires dans les métiers “du soin”, ce qui participe à expliquer pourquoi plus de femmes sont touchées par le burn-out. Mais cela signifie-t-il pour autant qu'elles sont moins susceptibles de souffrir d'un burn-out dans les autres professions ?

Charge mentale et vie de famille : des facteurs favorisants du burn-out chez les femmes

Là où le bât blesse, c’est que même dans les carrières occupées égalitairement par des hommes et des femmes, ce sont une fois de plus ces dernières qui sont à même d’être plus menacées par le risque de burn-out.

“Il y a une façon d’exercer le métier ou de répartir les compétences et les responsabilités qui n’est pas égalitaire et qui se fait souvent au détriment des femmes. Le classique étant notamment le salaire qui est systématiquement inférieur de 25%, à responsabilités égales, entre une femme et un homme,” argumente le Dr. Philippe Zawieja, notamment co-auteur de l’ouvrage Les Rescapés du burn-out, publié aux éditions Les Arènes.

Et à cela s’ajoute la sphère privée, notamment pour les mères de famille qui se retrouvent majoritairement à devoir gérer l’éducation des enfants et l’entretien du domicile familial. Le rôle d’éduquer les enfants est encore très largement occupé par les femmes. On en parle comme d’une deuxième voire d’une troisième journée de travail pour les femmes, quand elles rentrent à la maison le soir pour s’occuper des enfants ou de l’intérieur,” précise l’expert.

“Même si les choses sont en cours de rééquilibrage, on reste sur un déséquilibre en défaveur des femmes qui explique qu’elles puissent être contaminées dans leur bien-être professionnel par des phénomènes qui sont liés à son rôle au sein de la famille,” ajoute-t-il.

Le reflet d’une santé mentale en général plus malmenée chez les femmes

Ces données rejoignent les dernières études menées concernant la santé mentale qui tendent à montrer que celle des femmes est plus impactée que celle des hommes. Selon un sondage de la fondation AESIO, réalisé en partenariat avec IFOP, 26% des femmes interrogées décrivent leur santé mentale comme mauvaise, contre 14% d’hommes.

La prévalence du burn-out chez les femmes s'inscrit donc dans un problème de santé mentale plus global, prenant racine dans des disparités professionnelles et une charge mentale encore trop souvent associée aux femmes. Il reste du chemin à parcourir pour rééquilibrer la situation !

Philippe Zawieja est psychologue, spécialiste de l'épuisement au travail, chercheur associé à l'Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (OSMET) de l'Université de Montréal (Québec) et directeur de la recherche d'EKILIBRE Conseil. Il est le co-auteur de l’ouvrage Les Rescapés du burn-out, publié aux éditions Les Arènes.

Le sondage de la fondation AESIO, réalisé en partenariat avec IFOP, "Santé mentale : pourquoi les femmes vont-elles plus mal que les hommes ?", est retrouver ici

Pour plus d'informations sur la Semaine de la santé mentale, rendez-vous sur la page de sensibilisation dédiée de Webedia.

Mots clés
santé mentale burn-out Santé Société Bien au travail
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