Comment assurer dans sa vie pro sans pour autant délaisser ses enfants ? Gérer au taf tout en assumant au mieux sa parentalité est un sacré challenge. Mais les solutions ne manquent pas, et elles sont aussi bien psychologiques que très pragmatiques. C'est ce que démontre la coach parentale Anne Peymirat dans son très complet Le syndrome du wonderparent, guide ludique pourvu d'un mantra limpide : "Travailler comme si on avait pas d'enfants et élever nos enfants comme si on avait pas de travail".
Le "wonderparent", à savoir être à la fois un parent formidable et une perle au boulot, est un syndrome épinglé par la coach, qui y voit une "tyrannie de la double exigence" : une énième injonction d'autant plus angoissante que bien des femmes la subissent, en plus de gérer toute la charge mentale.
Comment faire au mieux sans culpabiliser ? Comment éviter le burn-out parental et se ménager du temps pour soi ? Anne Peymirat prodigue conseils et prescriptions judicieuses pour faire retomber la pression et s'épanouir à nouveau avec ses enfants comme dans le boulot. Des recommandations très utiles pour trouver un équilibre vie pro/vie perso en tant que parent. On en a retenu quelques-unes.
La "matrice", c'est quoi ? Pas simplement l'univers de science-fiction préféré de la génération 90, mais aussi une manière de mieux gérer son quotidien. Il s'agit bêtement d'un tableau qui vous permettra de hiérarchiser vos priorités.
Quatre catégories (une colonne chacune) suffisent : "Tâches importantes mais non urgentes", "Tâches importantes et urgentes", "Tâches non importantes et non urgentes", ""Tâches non importantes mais urgentes".
A savoir ? Dans l'ordre : les choses à planifier, à traiter en priorité, à abandonner et à déléguer. Très utile pour faire le topo sur quoi faire et comment le faire, selon ce qui vous semble indispensable, ou pas. Réunion pro, devoirs avec l'ado, sorties diverses... Une classification hebdo qui permet d'éviter le burn out parental.
Au taf comme dans la vie, il faut savoir dire "non", surtout quand votre temps est compté. Cela, Anne Peymirat l'a bien compris, et nous recommande de chérir notre droit (précieux) à refuser. Refuser une concession que nous demande un·e collègue, une aide sur un dossier, une heure sup'... Tout en restant cordial·e bien évidemment.
Comment ? En précisant ce à quoi vous dédiez déjà votre temps et le degré d'urgence de la situation (tel dossier, avec telles deadlines) ainsi que la durée que pourrait vous prendre cette tâche précise. Proposer des alternatives si la demande émane de votre patron. Lui détailler votre organisation afin d'évoquer des perspectives concrètes. Egalement : s'en tenir à des horaires conventionnels, quitte à les rappeler à votre interlocuteur.
Ne pas succomber aux pressions, aux seuls désirs de vos interlocuteurs, et conserver une organisation propre et limpide, voilà ce qui importe pour gérer sa vie pro. Sans oublier : chérer une bonne communication. Et justement, c'est aussi cela qui fait toute la diff' dès qu'il s'agit de gérer la tribu en parallèle : co-mmu-ni-quer.
Et cela s'exprime comment ? En privilégiant la bienveillance et l'empathie. Par exemple, dire à l'enfant lorsqu'il range ses affaires, son linge, écrit ou colorie correctement (pour les plus petits) afin qu'il retienne l'air de rien les bonnes manières de faire. Plus efficace que de le réprimander quand il fait mal les choses. Reproches souvent faciles et automatiques quand le taf et toute le stress qui va avec minent votre patience.
Quand on dialogue avec son enfant, il faut également s'assurer que l'on est sur la même longueur d'onde que son conjoint/sa conjointe lors des directives. Car "dans tous les cas, l'enfant ne se pliera pas à la dernière demande", écrit l'autrice. Bon à savoir si vous invitez votre enfant à jouer quand l'autre le renvoie à ses devoirs...
C'est dans la droite lignée des conseils précédents : privilégier "l'écoute empathique". Kézako ? Une manière de désamorcer les situations explosives tout en aidant son enfant à canaliser ses émotions. De retour du boulot, il n'est pas simple d'être sensible aux affects de ses enfants. Mais cela compte beaucoup. L'écoute empathique consiste à essayer de leur faire comprendre pourquoi ils réagissent de manière excessive ou déplacée.
Exemples ? "J'ai l'impression que tu es très fâché contre moi pour dire ça", "Tu as l'air furieux pour lancer ta manette comme ça", "Je sens que tu es très déçu que je ne vienne pas te chercher à l'école", "Je vois que tu es contrarié d'aller à l'école ce matin alors que d'habitude tu es content(e), qu'est-ce qui ne va pas ?".
La forme est évidente : des questions simples et claires, interactives et directes, qui invitent l'enfant à réfléchir sur soi-même, et vous permettent d'alimenter un dialogue quotidien, même entre deux réus.
N'hésitez pas à contacter vos proches. Amis, famille... Peut-être pourraient-ils garder vos enfants un après-midi ou une soirée, ou même un weekend, en cas d'empêchement pro ou tout simplement pour éviter le pétage de câble et se ménager une parenthèse pour cajoler votre vie de couple ?
Les proches, cela peut aussi être des collègues que vous appréciez, avec qui souffler et relâcher la pression en semaine ou en fin de journée le temps d'un déjeuner ou d'un verre. De "l'afterwork" qui compte beaucoup.
Bien parler à ses enfants, c'est indispensable quand chaque minute compte. Leur consacrer le bon temps au bon moment, également. C'est pour cela que la coach parentale préconise au moins 15 vraies minutes d'écoute totalement dédiée et attentive chaque jour (oui, même les journées surchargées), l'idéal étant d'ancrer ce moment à une heure précise pour en faire un vrai rendez vous au quotidien.
Un point de repère important pour le développement de l'enfant. L'autrice prescrit également de voir chaque enfant à part, dans une pièce isolée, pour faire le bilan, évoquer en face à face la journée qui s'est écoulée, s'assurer que tout va bien. Et cela n'empêche pas de s'amuser si l'enfant souhaite faire un jeu.
Voilà une chose qui vaut pour tous les conseils cités plus haut. Le meilleur tip pour faire face au "syndrome du wonderparent" (une utopie), c'est de ne pas culpabiliser. Assumer ses failles, sa fatigue, ses manques, et pour ainsi dire, assumer le cas étant de ne pas respecter à la lettre cette ligne de conduite énoncée. Personne n'est parfait. Ni les parents, ni les employés, ni tous ceux qui occupent ces deux missions. Pas de pression !
Le syndrome du wonderparent, par Anne Peymirat, Editions Payot, 250 p.