Naomi Watts parle pour celles qui ne l'osent pas.
Dans ses mémoires, l'actrice évoque ouvertement ce qui concerne 5 à 10 % des femmes dans le monde : la ménopause précoce. Autrement dit, cette ménopause qui survient avant le cap des quarante ans. Et engendre les mêmes symptômes que la ménopause traditionnelle, entre gonflements et bouffées de chaleur, transpiration... L'actrice magnifiée dans le plus grand film du 21ème siècle (Mulholland Drive du regretté David Lynch, dont l'oeuvre est à redécouvrir partout ces derniers jours) l'a aussi évoqué sans complexe à Drew Barrymore.
Elle aborde surtout le gros tabou de la sexualité post ménopause.
Un sujet qu'elle n'avait jusqu'alors jamais évoqué.
Dans le cadre de son traitement, Naomi Watts doit porter des patchs.
C'est ce que les médecins lui recommandent. Mais cela n'est pas toujours facile dans l'intimité, entre couettes et oreillers. Quand elle a couché avec son conjoint Billy Crudup par exemple, Naomi Watts a éprouvé de la gêne, un malaise, de gros complexes par rapport à son corps, sur son lit, avec ses patchs apparents.
Elle en témoigne auprès de son amie Drew, devant les caméras, s'adressant aux téléspectatrices : "en fait j'étais mortifiée parce que j'avais mon patch, et si quelqu'un a déjà porté un patch, vous savez qu'ils sont très collants, l'adhésif prend des siècles à se décoller... puis ça laisse une marque désagréable sur la peau !"
A Drew Barrymore, elle met des mots sur la suite des affaires : "J'avais honte alors je me suis excusée, j'ai couru aux toilettes et j'ai paniqué, genre, 'Qu'est-ce que je vais faire ?'... puis j'ai fini par lui dire : je suis juste en ménopause, j’ai un traitement, j’ai ce patch que je porte… Et je me disais en même temps : Je suis vieille, est-ce que je devrais juste partir ?’"
Et le malaise de perdurer...
Naomi Watts éprouve alors une profonde gêne. Et une sorte d'âgisme intériorisé : comme une honte par rapport à son âge, à son apparence, à ce dont elle souffre également. Elle doute de pouvoir attirer son conjoint et craint carrément de mettre à mal tout le potentiel romantique de leur moment à deux. Mais celui-ci souhaite lui redonner confiance et, poursuit-elle, lui répond du tac au tac : "... Nous avons le même âge ! Comment puis-je t'aider ?".
Tout est bien qui finit bien donc pour l’actrice et productrice britannique de 36 ans.
Celle-ci explique à travers son livre Dare I Say It (Oserais-je dire, en français) comment la ménopause précoce a bouleversé sa vie de femme, et ce qu'elle envisageait comme sa future vie de mère : "Juste au moment où j'étais prête à fonder une famille j'ai compris que j'étais sujette à la ménopause. Je pensais que c'était la fin de tout. Et certainement de ma fertilité et de ma carrière. Alors que je luttais contre la honte et le secret, j'aurais aimé qu'il y ait une conversation ouverte au sujet de la ménopause précoce".
Un sujet si peu abordé dans les médias.
Selon une enquête publiée dans la revue médicale JAMA Network Open, les femmes souffrant de syndrome prémenstruel, ou SPM, auraient 2,67 fois plus de risques que les autres de développer une ménopause précoce. Une étude de la Fondation des femmes nous apprend également que seulement 39% des femmes osent parler de la ménopause à leur conjoint.
Gros mot pour certains, et vrai enjeu de société pourtant.