"Je mangeais, mangeais, mangeais..."
Elle est très discrète, Clotilde Courau. L'actrice et princesse est désormais moins présente sur nos écrans, quand bien même la moindre de ses apparitions est remarquée. Comme en 2023, dans l'excellent Le théorème de Marguerite, et son étonnante protagoniste féminine. Une vraie curiosité auréolée d'un César - pour Ella Rumpf, méconnaissable. Courau y incarne une mère de famille anxieuse et attachante.
Mais c'est pour un tout autre sujet, bien plus intime, que la comédienne française fait son retour médiatique. En interview, elle revient effectivement, sans filtre, sur... sa boulimie. L'occasion d'aborder là des troubles alimentaires qui concernent près d'un million de personnes en France. Une manière salutaire s'il en est de briser le silence.
Et ses mots sont très sensibles.
C'est dans sa jeunesse que Clothilde Courau se découvre ces troubles.
"J’ai souffert de boulimie pendant une bonne partie de mon adolescence. Je mangeais, mangeais, mangeais pour tenter de calmer mes angoisses", témoigne la star royale, comme le rapporte le magazine ELLE. "... J’ai réussi à contrôler ces pulsions dévastatrices pour mon corps. Toute seule, sans vraiment pouvoir vous donner une explication", achève la comédienne.
Des crises de boulimie d'autant plus douloureuses pour sa santé physique, mais aussi sa santé mentale, qu'elles se sont produites "en parallèle de son début de carrière d’actrice" et notamment de ses scènes de nu dans le film Le Poulpe de Guillaume Nicloux. A l'époque, l'actrice est âgée de 28 ans, et doit apparaître en tenue d'Eve durant plusieurs séquences, face aux caméras. Le regard qu'elle porte sur elle et sur son corps lui est alors encore plus lourd que le regard des autres.
C'est perturbant, surtout quand on tient son premier grand rôle au cinéma, et que l'on ne se sent pas du tout à l'aise dans son corps, face à son image. Mais l'actrice, très remarquée aux côtés de son binôme Jean-Pierre Daroussin, est parvenue à combattre son désamour de soi. "J’étais déjà une adulte et suis tout sauf dans le regret", explique-t-elle.
80 % des personnes atteintes de boulimie seraient des femmes.
La joueuse de tennis française Caroline Garcia, 4e mondiale, a bien connu la boulimie, dans un milieu où la discipline physique importe plus que tout - ce sont d'ailleurs les restrictions imposées à son corps qui vont encourager ces troubles alimentaires. Elle témoigne : "Tu te sens tellement vide, tellement triste, que tu as besoin de te remplir"
"C'était la détresse de ne pas réussir à faire ce que je voulais sur le court, ne plus gagner et souffrir physiquement. Manger m'apaisait pendant quelques minutes. On sait tous que ça ne dure pas, mais... C'était une échappatoire. C'est incontrôlable".