Vous la connaissez certainement pour son rôle de mère dévouée dans Forrest Gump, et Madame Doubtfire - deux mamans simplement inoubliables. Mais pour l'Académie des Oscars, la critique et tant de fans depuis un demi siècle, Sally Field, c'est mille et un portraits de femmes. Toujours engagées et inspirantes. Syndicaliste historique dans Norma Rae en 1979, veuve-courage indépendante et déterminée dans Les saisons du coeur en 1984... A la clé de ces partitions, des prix d'interprétation à Cannes, et une reconnaissance internationale.
La comédienne californienne a toujours fait de ses combats, ses rôles, et de ses rôles, des combats, sans jamais cacher ses convictions féministes, à l'instar de consoeurs d'alors, rares mais influentes, comme Jane Fonda. Preuve en est, Sally Field a récemment raconté avec beaucoup d'émotion une expérience douloureuse qu'elle désire partager au plus grand nombre de femmes possible, pour ne pas oublier, et surtout, tirer des leçons du passé, alors que tout reste encore à écrire.
Ce récit, c'est celui de son avortement.
Plus précisément : l’histoire de son avortement illégal, qu’elle a subi au Mexique à l’âge de 17 ans, en 1964. Il y a plus d'un demi siècle donc. Mais pour la septuagénaire, l'actualité exige que ce récit ne soit pas perdu. Un épisode "traumatisant" de sa vie...
Sally Field a du effectivement avorter clandestinement du temps de sa jeunesse car elle ne pouvait faire autrement. Aujourd'hui, cette grande actrice Oscarisée et féministe témoigne et s'inquiète fortement de l'accès à l'IVG aux Etats-Unis. C'est pour cette raison qu'il lui importe de nous partager cela.
L'actrice américaine n'a même pas 20 ans quand elle doit avoir recours à un avortement clandestin. Nous sommes au beau milieu des sixties, et si Sally Field doit avorter à Tijuana, en secret, dans une rue qu'elle dit "déplorable", c'est parce qu'il faudra encore attendre l'année 1973 pour que l’arrêt Roe v Wade n’introduise un droit constitutionnel à l’avortement aux Etats-Unis.
"J'ai ressenti comme un gouffre absolu de honte durant cette opération... De cet avortement, j'ai tout éprouvé, c'est fou à quel point je souffrais, j'avais l'impression d'être agressée dans ma chair... Et ce sont les choses que vivent les femmes maintenant, lorsqu'elles essaient de se rendre dans un autre État, elles n'ont pas l'argent, elles n'ont pas les moyens, elles ne savent pas où elles vont".
Elle déplore encore à ce propos, la gorge nouée : "tant de femmes de ma génération ont vécu des événements traumatisants similaires, et je me sens plus forte quand je pense à elles. Je crois qu’elles veulent, comme moi, se battre pour leurs petits-enfants et les jeunes femmes du monde entier"
Mais pourquoi en parler maintenant ? C'est simple.
Sally Field veut tirer la sonnette d'alarme, 60 ans après son avortement clandestin.
Pour rappel : depuis le 24 juin 2022, la Cour Suprême a révoqué l'arrêt Roe vs Wade qui accordait donc aux Américaines le droit d'avorter légalement dans tout le pays. Un mois plus tard, un rapport du Guttmacher Institute, institut de recherche et de statistiques dédié au contrôle des naissances et aux données relatives à l'avortement, rapportait (déjà !) qu'au moins 43 cliniques situées dans onze Etats différents avaient tout simplement arrêté de pratiquer des avortements. Depuis, tout a empiré, au fil des Etats et des législations.
En juillet de la même année, la Caroline du Sud interdisait toute diffusion d'informations à propos de l'IVG. Ce que l'on appelle : de la censure. Six mois plus tard, en Idaho, la Cour suprême statuait "qu'il n'y a pas de droit constitutionnel à l'avortement". Depuis 2016, la répression s'est exacerbée au fil des Etats : en Pennsylvanie par exemple, le droit à l'avortement existe, mais témoigne de restrictions qui en bloquent l'accès à bien des femmes concernées. En 2023, une mère était condamnée à 2 ans de prison pour avoir aidé sa fille de 17 ans à interrompre sa grossesse.
Et la grande régression ne va pas s'arrêter là. Qu'en sera-t-il en 2025 ?
La situation états-unienne a fait réagir bien des stars.
L'an dernier, Taylor Swift, Lily Allen, Chappell Roan, Billie Eilish, défendaient l'accès aux droits reproductifs pour toutes les femmes, au gré de publications engagées, de concerts, d'événements divers. Olivia Rodrigo, popstar phénoménale, décidait de sensibiliser ses jeunes fans au sein de ses performances musicales et de reverser, au sein des Etats les plus visés par ces mesures, toute une partie de ses recettes auprès des associations de défense de l'IVG - comme Text Right By You et Missouri Abortion Fund lors de ses concerts dans le Sud de la nation.
C'est désormais Hollywood qui s'exprime.