La plume ballotée par le vent, la boîte de chocolats, le slogan "Shit Happens", la place libre dans le bus scolaire, "Cours Forrest, Cours"... Quand on peut résumer un film à quelques mots abstraits, c'est ce que celui-ci a posé son empreinte sur la pop culture. C'est donc le cas de Forrest Gump, qui célèbre ses 30 ans.
Ribambelle d'Oscars, rôle emblématique pour sa star Tom Hanks, révolution numérique nichée au sein même du projet (le geek Robert Zemeckis et ILM se sont amusés à faire voyager Forrest au gré des images d'archives), intensité mélodramatique toujours intacte... "Forrest" ne semble guère prendre de rides. Vraiment ?
Sexiste, anti féministe, nauséeux, réactionnaire : pour cet anniversaire, ce faux biopic est rhabillé pour l'hiver par certains médias. Alors que le casting se voit réuni dans un nouveau film à découvrir en salles ce 6 novembre, Here, c'est notamment l'écriture du personnage de Jenny, âme soeur de Forrest au destin tragique, qui est contestée.
Ou plutôt, critiquée. Tant et si bien que sa star conteste les accusations...de misogynie. Elle témoigne.
Oui, Robin Wright se défend au New Yorker de ces attaques.
La critique revoit Forrest Gump et ce n'est guère heureux. Surtout si l'on s'attarde sur Jenny : amoureuse de toujours de son cher Forrest, elle semble cependant le mener par le bout du nez des décennies durant, le quitter pour mieux le retrouver, comme si elle manipulait une personne en situation de handicap. Pas fou.
Personnage plutôt misérabiliste de part sa vie dramatique - victime de violences dès l'enfance, par son père - Jenny finit par mourir du Sida, après une vie passée à côtoyer des figures marginales aux causes tournées en dérision - hippies, membre des Black Panthers.
Violences sexuelles, violences conjugales... L'existence de Jenny est celle d'une victime, qui souffre tant et si bien qu'elle semble payer pour son goût envers les personnes en marge du système. A l'inverse, Forrest Gump incarne bien malgré lui le rêve américain, édifié en héros contre son gré. Il ne ressort pas si bouleversé, par exemple, de la guerre du Vietnam. Chaque page de l'histoire Américaine est une consécration pour lui.
Car elle est une femme qui accepte avec moins de bonhommie le "système" et les valeurs américaines, Jenny va mourir d'une maladie sexuellement transmissible. Là encore, on s'interroge : n'est-ce pas une manière de punir ses moeurs dites légères ?
On est presque à deux doigts du slut shaming, là. Ce phénomène sexiste bien particulier qu'on décrypte pour vous dans ce billet d'humeur.
"Les gens ont dit qu'elle était un Voldemort pour Forrest, Jenny. Mais ce n'est pas du tout une sorte de rôle anti-féministe", proteste aujourd'hui Robin Wright, qui poursuit, indignée : "Elle est égoïste, cette Jenny. Je ne pense pas que ce soit une punition qu’elle attrape le SIDA. Elle est juste insouciante – c'est de l'égoïsme qu'elle exprime envers Forrest".
"Il était amoureux d'elle dès le premier jour, Forrest. Et elle est juste volatile, elle court, elle prend de la coke et sort avec un Black Panther. Et puis elle tombe malade et dit : « C’est ton enfant, Forrest. Mais je suis en train de mourir. » Et cependant Forrest lui dit : « Je vais m’occuper de toi chez maman. » Je veux dire, c’est la plus douce des histoires d’amour ce film...", développe encore l'actrice américaine.
Pas sexiste car romantique ?
Hum... Mona Chollet aurait certainement quelque chose à redire à ce propos. On vous explique pourquoi dans cet article sur l'amour et le romantisme. Vu ainsi, même sous l'angle de la satire, Forrest Gump n'adhère pas vraiment aux réflexions actuelles. Mais comme bien des oeuvres qui suscitent notre nostalgie : on avait revu pour vous Mean Girls, et ce n'était pas vraiment plus joyeux.