Les chiffres ne mentent pas : seulement 39% des femmes osent parler de la ménopause à leur conjoint. Pas assez quand on sait que cette phase de la vie bien spécifique concerne tout de même 14 millions de femmes en France ! Heureusement, des voix retentissent à travers l'Hexagone pour envoyer valser ce gros tabou dans les cordes. Et pas n'importe lesquelles...
Car parmi elles, l'on trouve la parole toujours percutante et singulière de l'autrice et journaliste Elsa Wolinski. La fille du regretté Georges Wolinski a carrément dédié un podcast, "Allez, j'ose !", pour libérer la voix des femmes à ce propos, et c'est totalement salutaire. Elle y interroge des personnalités qui n'ont pas peur de dire les termes. Et l'oratrice à l'unisson se lâche !
On peut ainsi l'entendre à franceinfo : "En pleine ménopause, je n'ai rien compris à ce qui m'arrivait. C'est-à-dire que du jour au lendemain, mon comportement a changé, j'ai eu des cystites à répétition, j'ai tout eu ! La liste est une liste à la Prévert. Je n'avais que des trucs que personne ne comprenait".
Un discours qui décomplexe à souhait.
Et Elsa Wolinski de poursuivre sans chichi : "Il y a un moment, je me suis dit qu'il devait s'agir de la ménopause ou de la préménopause. J'ai tellement galéré, j'ai été dans une telle errance personnelle... Et puis je me suis rendu compte que quand j'en parlais, les femmes étaient un peu gênées".
"Je suis allée à Marseille, il n'y a pas longtemps, et une fille m'a dit : "Ah non, ça ne passe pas par nous !" Mais comment, ça ne passe pas par vous ? Il y a des femmes ménopausées à Marseille, ça passe par tout le monde ! On est 14 millions de femmes à être ménopausées, 500 000 femmes sont en préménopause et elles ne le savent pas. Il faut bien en parler quand même"
L'idée ? "Que les femmes "osent parler de ce qui se passe dans leur culotte !", donc. De tout, oui, carrément, même de la sécheresse vaginale. Mais pour la podcasteuse et autrice, libérer la parole des femmes, c'est aussi être à contre courant des injonctions et pressions diverses, qui touchent tous les genres.
"Quand j'ai commencé sur les réseaux sociaux à dire que j'étais triste, j'ai reçu un nombre énorme de "Mais merci", parce que dans notre société, on n'a pas le droit de se sentir mal, on a le droit que d'être performant. On ne peut pas être performant tout le temps... Ce qu'on comprend aussi à travers ce podcast, c'est à quel point on peut changer notre regard sur cette ménopause et aussi à quel point on peut accepter sa vulnérabilité"
Rappelons à l'occasion ces mots tout aussi primordiaux de la philosophe féministe Camille Froidevaux-Metterie : "À partir du moment où les femmes franchissent le cap "fatal" de la ménopause, elles sortent du groupe des femmes procréatrices. Et elles perdent de ce fait ce qui est considéré depuis toujours comme leur principale fonction sociale... Et pourtant, les femmes de cinquante ans travaillent, continuent d'avoir une vie amoureuse et sexuelle, se projettent dans l'avenir et s'incarnent au présent !"
CQFD.