C'est l'histoire d'une jeune fille violée des centaines de fois entre ses 12 et 14 ans.
Ce récit est celui d'Angélique Cauchy, ancienne joueuse de tennis. Alors qu'elle était mineure, elle a - pendant deux années - été victime de viols par son entraîneur Andrew Geddes. Dix ans plus tard, elle avait décidé de briser le silence, pour elle mais aussi pour toutes les autres. En 2021, Andrew Geddes a alors été reconnu coupable d’avoir violé et agressé sexuellement quatre jeunes filles âgées de 12 à 17 ans au début des années 2000 et entre 2009 et 2014. Il a été condamné à 18 ans de prison.
A lire aussi : "J'avais 12 ans, lui 36, et il m'a assassinée" : Adèle Haenel dénonce son agresseur présumé dans une prise de parole puissante
Depuis, l'ancienne espoir française lutte contre les abus et le harcèlement dans le milieu sportif, notamment grâce à son association Rebond, créée en 2017. Elle a récemment également publié un livre, dans lequel elle raconte le témoignage glaçant de son début d'adolescence. "Si un jour quelqu'un te fait du mal", est sorti en octobre dernier aux éditions Stock. Pour l'occasion, elle revient sur l'enfer qu'elle a vécu dans une interview filmée accordée au Figaro le 14 décembre.
Son témoignage est difficile à entendre. A 12 ans, elle doit trouver un club de tennis avec un niveau élevé. Elle rencontre alors son nouveau coach, Andrew Geddes. Rapidement, la jeune fille va être victime d'agressions sexuelles, puis de viols. "La toute première fois c'est un baiser, je le vis moins mal que la première agression sexuelle où il me touche, il me demande de le toucher, il me masturbe ou il me demande de le masturber, il se masturbe." Pour Angélique Cauchy, c'est le point de bascule vers l'enfer qu'elle va vivre pendant deux ans.
"C'est terrible parce qu'on s'habitue à tout, même à ça", regrette-t-elle aujourd'hui. "C'était des centaines et des centaines de fellations qui étaient devenues mon quotidien." A tel point que pour elle, "faire des coups droits et des fellations, c'est presque la même chose."
A lire aussi : “Si tu cries, je te tue”, le calvaire des joggeuses face aux agressions et aux féminicides
L'ancienne joueuse de tennis décrit un quotidien terrible, qui a laissé des traces indélébiles : "L'attente était pire que le moment des viols, j'étais comme une proie pourchassée par son prédateur. Cette hypervigilance m'a poursuivie pendant des années, j'étais tout le temps en alerte."
Ces viols et agressions sexuelles ont été rendus possible par un véritable engrenage mis en place par son entraîneur. Angélique Cauchy raconte la gentillesse dont il a d'abord fait preuve, quand elle l'a rencontré. "Il va tout de suite me considérer comme sa préférée, comme sa chouchoute." C'est le point de départ de l'emprise qu'il a exercé sur elle : "il me faisait des compliments, des cadeaux, il était le référent absolu pour moi mais dans le bon sens du terme parce que je pensais que c'était la personne qui me voulait le plus de bien au monde."
L'entraîneur prend rapidement une place proéminente dans la vie de la jeune fille. "Sans lui, je me dis que je ne peux plus rien faire, tout ce qu'il dit est la parole divine". "Même quand il n'est pas là il est là parce qu'il m'écrit, il m'appelle, qu'on n'a plus un seul moment pour respirer." Au point qu'elle finit par adopter des comportements qui ne lui ressemblent pas. "Au fur et à mesure je deviens lui et sa violence, il me fait fumer, boire, tricher sur le court. Au début je ne veux pas et puis je cède parce que c'est un adulte, parce qu'il a l'autorité, et je cède parce que c'est celui qui décide de tout pour moi".
Par la suite, alors que les viols et agressions sexuelles étaient devenus le tragique quotidien de la joueuse, son coach usait de manipulations culpabilisantes et de menaces pour ne pas qu'elle parle. "Il me disait "c'est parce que c'est toi qui provoque ça chez moi", "si tu parles, j'irai en prison", "si tu parles, je tuerai tes parents"."
Si Angélique Cauchy a depuis quelques années brisé le silence, et si elle continue de raconter son histoire, c'est notamment dans l'espoir de sensibiliser les parents des jeunes sportives. La honte doit changer de camp, et les enfants doivent pouvoir alerter des abus dont ils sont hélas trop souvent victimes dans le milieu du sport.