"Il s'est acharné sur mon fessier comme un chien enragé"
Ces mot sont ceux de la journaliste Caroline Barel. Victime d’agression sexuelle et de harcèlement moral, alors qu’elle était animatrice radio au sein du groupe NRJ, la journaliste s'est exprimée dans le cade de la Commission d'enquête aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité - qui a déjà donné lieux à de très fortes prises de paroles, comme celle de cette célèbre comédienne française à propos de Gérard Miller.
A l'Assemblée nationale, Caroline Barel souhaite dénoncer des violences sexistes et sexuelles qui auraient été commises à son encontre alors qu'elle était au plus près du micro... Et c'est accablant.
Car l'ex employée met en lumière l'attitude du célèbre animateur Vincent Cerutti.
L'ancien présentateur de Danse avec les stars était alors la voix d'une matinale quand Caroline Barel était employée à NRJ, au début des années 2010. Accusé d'agression sexuelle, l'animateur star avait, selon l'ex animatrice, "l'habitude de mordre les fesses de toutes ses collaboratrices". Des allégations qui résonnent clairement avec cette info du Parisien : en 2023, Vincent Cerutti a effectivement mis en examen pour agression sexuelle, pour avoir "mordu les fesses d’une collaboratrice" et s'était défendu "en évoquant des plaisanteries potaches réciproques".
Caroline Barel témoigne ensuite, avant de fondre en larmes : "Je lui ai dit à plusieurs reprises qu'il était hors de question que moi, il me touche..."
"... et pourtant en 2015, alors que je m'y attendais pas il m'a mordu moi aussi... Et il s'est acharné sur mon fessier comme un chien enragé, avant de recommencer plusieurs mois plus tard !... Mon cri de douleur était si fort qu'il a été entendu par une hôtesse d'accueil, un étage au dessus".
Mais ce récit ne s'arrête pas là.
Par-delà cette attitude qui a laissée la Commission atterrée, Caroline Barel a souhaité dénoncer auprès de Sandrine Rousseau, ce qu'elle condamne, autrement dit l'attitude supposée de son producteur et des responsables de la célèbre station de radio, et groupe médiatique. C'est là ce qu'elle met en mots en détaillant "l'après"... Car l'ex animatrice va parler, dès 2015. Sauf qu'à l'écouter aujourd'hui, elle ne va tout simplement pas être écoutée, crue, ou entendue.
"J'ai été écartée de l'antenne en 2016 après avoir dénoncé ces faits. Mon producteur m'a dit : on ne vire jamais les stars, et si tu parles, tu ne bosseras plus jamais... Le CSE a dit qu'il fallait prendre des mesures après m'avoir écoutée et pourtant aucune mesure n'a été prise. On m'a mise au placard. Deux ans d'arrêt maladie avant que je sois licenciée. Pour les RH, il ne s'est rien passé...".
"Comme si on disait : Circulez, y'a rien à voir !"
Et cette prise de parole de s'étendre à d'autres enjeux...
Car ce témoignage permet également à l'animatrice d'évoquer tout son parcours, mâtiné de violences sexistes, de remarques déplacées, de sexualisation constante de sa voix, de son attitude, de son corps... Comme lorsqu'à ses débuts, on la confine aux émission de nuit à cause de sa voix grave : "Il fallait, m'a-t-on dit, que ma voix excite les hommes...". Ou bien, qu'en tant que standardiste, on l'oblige "à rire bêtement aux blagues souvent sexistes des intervenants".
L'animatrice évoque également la manière dont toute possibilité de sororité entre journalistes femmes est mise à mal au sein de médias sont les hiérarchies sont très souvent à dominance masculine : "Les directions des radios m'ont également toujours affirmé que les femmes n'aiment pas écouter d'autres femmes à la radio".
D'autres prises de paroles de journalistes résonnent au sein de cette commission, pour faire entendre l'étendue des rapports de pouvoir et de domination, ainsi que la banalisation des agressions sexistes et sexuelles. Celle-ci, par exemple.
"L’histoire de Caroline", décrypte le mouvement de libération de la parole #MeTooMedia sur Instagram, "c’est celle de trop nombreuses femmes, humiliées, violentées, intimidées et silenciées. Brisées"
"Son témoignage met en lumière l’omerta qui règne dans le monde des radios dites musicales et généralistes, et les pressions subies par les femmes qui auraient l’outrecuidance de vouloir dénoncer les violences physiques et morales qui font partie de leur quotidien, dans ce petit monde clanique où tout est permis et où l’impunité est la règle quand on est une superstar des ondes".