En octobre dernier, une longue enquête du média StreetPress révélait les nombreuses accusations de viols et d'agressions sexuelles dont fait l'objet le rappeur Retro X. En tout, ce sont cinq femmes qui l'accusent de viol. L'une d'elles a annoncé porter plainte, et trois autres victimes témoignent d'agressions sexuelles. Des accusations appuyées par les témoignages recueillis à travers le compte Instagram Music Too France, en première ligne face à la libération de la parole qui agite aujourd'hui le secteur musical hexagonal.
Retro X est l'une des trouvailles de Because Music. Et c'est désormais sur le label musical que se projettent toutes les lumières. Plus précisément, de nombreuses accusations de violences sexistes visent aujourd'hui son ancien directeur général, Tahar Chender. Une enquête de Mediapart met effectivement l'accent sur des propos tour à tour sexistes, racistes et homophobes, prononcés par ce dernier.
Ce sont pas moins de huit témoignages de salariées et ex-salariées de Because Music que le journal a pu recueillir. Après deux ans à ce poste, Tahar Chender a finalement été licencié "pour faute grave" à la fin du mois de décembre 2020.
Parmi les propos incriminés, de nombreuses attaques envers des artistes dudit label. "Le directeur général aurait lancé, devant témoins, que la chanteuse Chris est une 'vieille goudoue' à qui il 'faudrait une bite' ; que la chanteuse française Camille est moquée pour ses 'poils sous les bras', ou encore qu''il faut raccourcir la jupe' et 'montrer le cul et les seins' de Jorja Smith", nous apprend à ce titre le site Mediapart.
Des déclarations édifiantes dont se défend Tahar Chender. "J'ai pu avoir des propos jugés déplacés mais ils étaient faits sur le ton du second degré et ont été acceptés pendant longtemps. Si mon caractère passionné et excessif a mis des gens dans une situation inconfortable, je veux bien m'en excuser mais on ne peut pas juger quinze ans de carrière sous le filtre de 2020", argumente ce dernier du côté de Médiapart, ajoutant qu'on lui prête "des propos qui ne sont pas les [siens] et ne l'ont jamais été".
Mais l'enquête de Médiapart ne s'arrête pas là. Trois anciennes salariées de Because Music y affirment également avoir fait l'objet "d'avances à caractère sexuel" de la part de Tahar Chender. Lors de fins de soirée notamment, ce dernier aurait par exemple "insisté pour rentrer avec elles", tout en leur proposant régulièrement des rendez-vous en dehors de leur lieu de travail, par mails. D'autres témoignages évoquent des baisers forcés ou des agressions verbales - l'ancien directeur aurait notamment demandé à une employée si elle avait "sucé pour réussir".
Propos "déplacés", "mauvaises blagues", harcèlement, ambiance générale toxique trop normalisée... Président du label musical, Emmanuel de Buretel aurait à ce titre reçu plus de quarante témoignages évoquant des faits problématiques. Quarante et une personnes auraient finalement été interrogées dans le cadre d'une enquête interne. Tahar Chender parle quant à lui de "faux témoignages" ou de "vengeances" professionnelles. Mais une ancienne salariée insiste sur ce point : "Les remarques sexistes étaient quasi quotidiennes", déclare-t-elle.
Un bilan déplorable donc. Et dont témoigne enfin un communiqué rédigé par un groupe d'employées, relayé sur la page Facebook de Because Music : "La parole se libère. Le sexisme au sein des sociétés Because Music et Because Editions est, comme partout, protéiforme. Chacun a son histoire, son anecdote. Le rapport de l'enquête interne confirme une ambiance sexualisée au sein de nos sociétés, marquée par des paroles inacceptables et relevant de l'humiliation et du sexisme jusqu'au racisme et à l'homophobie. N'ayons plus peur de parler"