De l'eau de source non traitée, non stérilisée et non filtrée : voici le credo des habitants de la côté ouest des États-Unis. Depuis la création de l'entreprise Live Water il y a 3 ans, le phénomène de la "Raw Water" (eau brute en français) prend de l'ampleur. La firme propose à ses clients de l'eau non filtrée provenant d'une source de l'Oregon, commercialisée dans des bocaux en verre à 4 euros le litre. Une somme coquette qui a toutefois le mérite d'inciter au recyclage, puisque le litre ne coûte plus que 1,50 euros une fois que le bocal a été acheté.
D'autres start-up lui ont emboîté le pas, à l'instar de Tourmaline Spring ou de Zero Mass Water, ainsi que des boutiques spécialisées en eaux non traitées dans les grandes villes de Californie (San Francisco, San Diego...). Mais le phénomène va encore plus loin : sur la toile, des plateformes proposent aux Américains de repérer les sources d'eau potable non traitée situées à proximité de chez eux, grâce à un système de cartographie. C'est notamment le cas du site FindASpring ("trouve une source").
Aux États-Unis, les eaux minérales comme celles que l'on connaît en France type Evian ou Contrex n'existent pas. De surcroît, de récents scandales ont révélé la présence de plomb et de fluor dans les eaux du robinet dans la majorité des États, ce qui a contribué à alimenter des théories du complot, notamment celle assez répandue aux USA selon laquelle le gouvernement américain injecterait du fluor dans les robinets pour "contrôler la pensée" des citoyens.
Dans un récent article, le New York Times explique que l'engouement pour la "Raw Water" s'apparente à une véritable "contre-culture de l'eau" encouragée par le fait que l'eau ne soit pas soumise au contrôle de la Food and Drug Administration (FDA), service du gouvernement américain responsable de la pharmacovigilance. Chez Live Water, l'eau est uniquement soumise à une vérification anti-bactérie.
Le fait de consommer de l'eau non traitée résulte donc d'un choix délibéré des clients qui préfèrent boire de l'eau produite hors des normes du système gouvernemental. Il ne semble donc pas y avoir tromperie sur la marchandise de la part de ces marques d'eau alternative. La mention légale affichée par la société FindASpring indique par exemple clairement que les points de sources indiqués ne garantissent pas la qualité de l'eau.
Mais cette nouvelle tendance de consommation inquiète les professionnels de santé. "Sans traitement de l'eau, il y a des risques aigus puis chroniques", a déclaré au New York Times le Dr Hensrud, directeur du programme de vie saine à la Mayo Clinic de Rochester, au Minnesota. Le médecin pointe notamment les dangers de consommer une eau non traitée, qui peut contenir la bactérie E. coli, des virus, des parasites et des éléments cancérigènes. Dans un rapport publié en juillet 2017, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) rappelait que la consommation d'eau non salubre pouvait être responsable de maladies telles que le choléra, la diarrhée, la dysenterie, l'hépatite A, la typhoïde et la poliomyélite.