Tout a commencé vendredi 24 juillet, sur Twitter. Une internaute lance : "Venez les femmes on fait un jeu. A partir d'aujourd'hui, et jusqu'à vendredi prochain, on screen, reporte, filme ou enregistre (si possible), tous les actes, toutes les remarques, toutes les agressions et micro agressions sexistes qu'on subit et on poste sur ce [hashtag] #SoisUneFemme".
Le but : attirer l'attention, des hommes surtout, sur le quotidien des femmes. Au HuffPost, l'instigatrice de 22 ans se confie : "Je me suis dis que cet hashtag aura peut-être de la visibilité et permettra de sensibiliser du monde. Même si je sais qu'on ne change pas le monde en un claquement de doigt, je fais partie de ces optimistes qui pensent que c'est avec des cailloux qu'on fait des montagnes. J'ajoute donc des petits cailloux de mon côté...".
Elle explique ne pas avoir choisi l'expression #SoisUneFemme par hasard. "Les hommes aiment bien nous dire de nous comporter comme des femmes, ils aiment bien cette phrase 'sois une femme'", poursuit-elle sur le réseau social, "sans même avoir conscience de ce que c'est, être une femme." Il s'agit par ailleurs d'un hashtag utilisé au Maroc, en 2018, pour s'indigner contre une campagne misogyne qui incitait les hommes à "couvrir leurs femmes".
En France, la jeune femme lâche, pleine d'espoir : "Continuons le combat, à force de répéter un jour peut-être comprendront-ils." Et en ligne, la réponse est fulgurante.
En quelques jours, des centaines de tweets édifiants décrivant des évènements précis apparaissent.
"Ce pote qui dort chez toi et qui au final se retrouve à te peloter pendant la nuit malgré tes signaux clairs de refus" ; "Mon moniteur d'auto école qui pose sa main à l'intérieur de ma cuisse alors que je conduisais en me disant 'tu es vraiment une bombe'" ; "Hier, j'ai demandé à un client s'il avait besoin d'aide pour chercher une taille (je suis vendeuse de prêt-à-porter). Sa réponse : 'non merci, par contre, j'aurais bien besoin d'aide pour euh....*gros silence et regard déplacé* non je rigole !' Tellement dénigrant."
Une internaute résume son vécu au fil d'une énumération percutante : "Devoir se justifier constamment. Etre infantilisée constamment. Etre rabaissée constamment. Etre sexualisée constamment. Etre prudente constamment. Etre dans un paradoxe imposé constant. Avoir sa parole raillée et invisibilisée constamment."
Des mots qui illustrent les injonctions permanentes que subit la moitié de la population, et qui alertent, une fois de plus, sur le sexisme terrible qui règne aujourd'hui encore en France. Des mots qui n'ont pas empêché, ce serait trop beau, certains hommes de faire preuve d'un mansplaining épuisant. Alors pour reprendre l'instigatrice de #SoisUneFemme : "Continuons le combat, à force de répéter un jour peut-être comprendront-ils."