Quand une personne manifeste de la violence, verbale ou physique, ce comportement malveillant s'avère facile à repérer. Mais il existe un phénomène bien plus subtil qui peut tout autant nuire aux autres : les micro-agressions.
Le terme "micro-agression" a été employé pour la première fois dans les années 70 par Chester M. Pierce, psychiatre et professeur à l'Université de Harvard, pour résumer les insultes nuisibles et quotidiennes que les personnes noires subissent et qui nuisent à leur bien-être mental et émotionnel.
Aujourd'hui, le terme micro-agression a été élargi pour englober les insultes subtiles et les sentiments d'inconfort que les personnes racisées, les personnes LGBTIQ et les autres groupes marginalisés vivent dans leurs interactions quotidiennes. Cela s'applique également au sexisme au travail.
"Une micro-agression désigne un comportement ou un commentaire formulé à l'encontre d'une personne issue d'un groupe marginalisé en rapport avec son identité", explique au site féminin The EveryGirl Joy Harden Bradford, psychologue et fondatrice de Therapy for Black Girl.
Blague graveleuse en rapport avec le sexe de la personne visée ("T'es passée sous le bureau ?"), question à une personne noire sur ses cheveux naturels ("Je peux toucher ?"), remarque sur l'aspect physique d'une personne ("c'est fou ce que tu sembles jeune !"), commentaires moqueurs sur le nom d'un collaborateur ou d'une collaboratrice difficile à prononcer...
Les micro-agressions peuvent aussi être des actions conscientes ou inconscientes. Mais au final, le résultat est le même : quand elles sont trop fréquentes, elles peuvent transformer les espaces de travail en environnements hostiles pour les personnes visées.
"Les exigences d'un emploi suffisent à instaurer un climat de stress, mais lorsqu'on y ajoute des commentaires et des gestes racistes et sexistes, cela peut devenir insupportable", affirme Harden Bradford.
Lorsque l'on subit une micro-agression, il peut être facile de s'en désintéresser comme s'il s'agissait d'un cas unique ou d'un "gap culturel" entre deux personnes issues de milieux différents. Mais le simple fait que ce phénomène se manifeste aussi souvent démontre l'ampleur de nos préjugés sociaux.
Fermer les yeux face à ces micro-agressions, du moins lorsqu'elles sont fréquentes et répétées, apparaît donc problématique, voire impossible. Du point de vue de Harden Bradford, nous devrions mieux analyser nos privilèges et nos préjugés inconscients, afin d'éviter qu'ils se manifestent d'une manière blessante et nuisible pour les autres.
"Parfois, il peut être utile d'aborder la question si vous avez le sentiment qu'elle sera gérée de manière appropriée et qu'elle ne retournera pas contre vous', affirme la psychologue.
En d'autres termes, si vous sentez que la situation est propice à la communication, vous pouvez tenter de faire comprendre à la personne qui a émis la micro-agression que sa remarque était déplacée. Si cette option ne s'avère pas concluante, il sera probablement nécessaire de signaler le problème auprès de votre hiérarchie.
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