A vrai coup de gueule, initiative coup de poing. Voilà la ligne du blog #Sexismeordinaire, qui dénonce avec virulence le sexisme ordinaire dont sont victimes les femmes au travail. Des témoignages de femmes de tous âges et de tous milieux professionnels y sont publiés : le blog fourmille de blagues douteuses, de misogynie plus ou moins assumée, de sous-entendus graveleux, de réflexions déplacées, humiliantes ou rabaissantes... En parcourant les lignes, on oscille entre le rire et les larmes ; l'écoeurement ou la révolte. Depuis le 15 mai 2016, #Sexismeordinaire se fait la vitrine d'un phénomène qu'on ne connait que trop mais dont on ne parle pourtant jamais assez. Il est d'ailleurs né d'un coup de gueule d'une femme suite à l'affaire Denis Baupin : le premier post prend la forme d'une lettre ouverte contre le sexisme où la fondatrice du blog exprime son ras-le-bol. "Ça me tue qu'une femme qui se prend des propos sexistes en pleine face se retrouve toujours coupable : coupable de porter des vêtements trop courts, trop sexy, trop provocateurs ; coupable d'être une chieuse (féministe, évidemment) ; coupable de ne pas être assez drôle, de ne pas avoir de second degré ; coupable d'être, au mieux, trop coincée, au pire,mal baisée."
Le but du blog : montrer à quel point le sexisme ordinaire est un phénomène général, qui touche toutes les femmes et parvient à s'immiscer dans tous les secteurs d'activité : domaines scientifiques, finances, politique, cinéma, commerce, journalisme... Il est qualifié d'ordinaire parce qu'il est omniprésent. Mais en lisant le florilèges de réflexions sexistes et misogynes, on ne peut s'empêcher de penser que sexisme ordinaire ne devrait pas dire sexisme banal, et encore moins sexisme banalisé. Bien qu'il échappe encore relativement à la loi, il est loin d'être anodin : c'est au contraire un sexisme d'une rare violence, insidieux parce que toléré.
Voici les phrases qu'une femme peut toujours entendre au boulot en 2016, offertes par #Sexismeordinaire. De qui faire ouvrir les yeux à certains ?
A lire en reproduisant mentalement les rires gras qui accompagnent immanquablement toutes les réflexions de ce type.
Réflexion d'un PDG évoquant une jeune maman.
A une femme qui a demandé à son supérieur pourquoi elle n'avait pas le même salaire qu'une collaboratrice au même poste. Mais bon, tant qu'il rigole, nous aussi, n'est-ce-pas ?
A une femme qui travaille dans l'industrie automobile, de la part du PDG de la boîte.
A une femme dans la production quand il fallait aller négocier du matériel supplémentaire. C'est bien le seul avantage d'avoir une femme dans son équipe, après tout : son corps.
Un classique indémodable pour une femme travaillant dans un call center.
Un chef d'entreprise douteux en interview avec une jeune journaliste d'investigation.
Déclaration instructive du PDG d'une grande entreprise venu briefer des étudiants en BTS management.
Les qualités professionnelles décernées à une jeune anesthésiste par un médecin. Ou les compliments dont rêvent toutes femmes sur leur travail.
A une vendeuse à qui on refuse le même avancement que ses collègues, pourtant moins expérimentés, parce qu'elle a eu l'audace de faire un enfant.
Conclusion d'un entretien d'embauche dans un des cabinets d'avocats les plus réputés de Paris.
Ou comment le sexisme peut transformer une responsable financière en secrétaire en un clin d'oeil.
Étrangement, on doute que la collaboratrice en question se sente autant en veine.
Les réjouissantes brèves d'ascenseur dans une entreprise.