






Sur Tiktok, Abrège Frère cumule 1,6 millions de followers en résumant en quelques secondes le contenu d'autres vidéos trouvées sur les réseaux sociaux. Un concept qui pourrait être drôle s'il ne s'amusait pas à résumer majoritairement les contenus des femmes et à fortiori celles qui témoignent de harcèlement ou de violences sexistes et sexuelles.
Le 6 mars, la créatrice de contenu connue sur Tiktok sous le pseudo Lila.bonbon, publiait une vidéo de 9 minutes. Elle y racontait son séjour avec le tiktokeur Adam de Sagesse pour alerter sur son comportement et s'excuser d'être apparu avec lui ses les réseaux sociaux.
"Je m'excuse profondément d'avoir donner de la visibilité à ça, j'essaye de rattraper mon erreur donc allez voir le témoignage de @not.aniss.dzs qui a eu le courage de dire la vérité et de s'ouvrir sur un sujet difficile pour lui, prenez soin de vous mes lyfes et faites attention à qui vous donnez votre confiance", écrivait-elle en légende de sa publication.
C'est "un harceleur, un agresseur, un V.I.O.", dit-elle au sujet d'Adam de Sagesse en laissant entendre le mot violeur. Elle décrit comment le jeune homme se "collait" à elle le soir, au lit, en lui "attrapant les seins" sans son consentement puis elle raconte son comportement harcelant les jours suivants. Elle déclare également avoir reçu les témoignages de jeunes hommes et de jeunes femmes accusant le tiktokeur de harcèlement, d'agressions sexuelles ou de viol après la publication des vidéos qu'ils avaient tournées ensemble.
Si Lila.bonbon ne nomme pas Adam de Sagesse, ses abonnés ont toutefois très vite compris de qui il s'agissait car elle cite les vidéos qu'ils ont tourné ensemble et décrit son accent marseillais. Quelques jours plus tard, dans une autre vidéo, elle citera clairement son nom.
Peu après la publication de la vidéo de Lila.bonbon, Abrège Frère s'en est emparée pour résumer son témoignage. Très fin. Plus problématique encore, sa communauté a ensuite harcelé Lila.bonbon sous sa vidéo, l'abreuvant de commentaires sexistes. Abrège frère a fini par retirer sa vidéo et a présenté ses excuses à la tikotkeuse par message.
Dans son message, il explique avoir voulu "donner de la visibilité à cette histoire de manière neutre". "Je ne voulais vraiment pas décrédibiliser ton message, au contraire donner de la visibilité, mais ça n'a pas eu l'attente souhaité", ajoute-t-il. Des explications difficiles à croire quand on sait que ce n'est pas la première fois que Abrège Frère est critiqué pour sa responsabilité dans le harcèlement perpétré par sa communauté.
En 2024 déjà, plusieurs créatrices de contenus l'avait interpelé, menée par Chloé Gervais. Elles critiquaient le fait qu'il résume en grande majorité des femmes, renforçant le fait de les silencier, ce qu'elles subissent déjà massivement dans la société. Elles l'accusaient également de donner du grain à moudre aux misogynes qui sévissent sur les réseaux sociaux et de ne pas faire de pédagogie auprès de sa communauté qui harcèle les femmes sur les réseaux en leur demandant d'abréger tout leur contenu.
Le 9 mars, Lila.bonbon a publié les messages d'excuses d'Abrège Frère en déclarant les accepter pour ne pas alimenter le "conflit". Elle a toutefois insisté sur tout ce que le contenu de ce tiktokeur a de problématique. "J'ai clairement pas pris la vidéo comme du soutien, elle m'a fait beaucoup de peine (...) Je ne sais pas si vous vous rendez compte de la dinguerie mais il a quand même abrégé un témoignage (...) il a abrégé le truc comme un drama. (...) Mais je savais déjà grâce à Chloé Gervais que c'était un énorme misogyne. Ce n'est pas la première vidéo misogyne qu'il fait sur les femmes, j'ai l'impression qu'il abrège soit les femmes, soit les gays."
Lila.bonbon a conclu en disant "espérer que ces excuses soient sincères" et "qu'on avance". Cet épisode aura-t-il convaincu Abrège Frère de prendre ses responsabilités auprès de sa communauté et de respecter davantage les femmes dans le choix de ses publications ? On l'espère.